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M. Martin

Il s’appelle disons, M. Martin. Il a 70 ans. Il est hébergé depuis des mois dans ce foyer pour personnes sans abris où je fais un peu de bénévolat.

Il présente bien, est très poli, s’exprime avec élégance, ne fait pas le difficile sur la cuisine. On devine qu’il a eu une autre histoire avant d’atterrir ici. Et en effet. M. Martin fut un garagiste en vue, toujours au turbin, avenant et soigneux. Quand il n’était pas le nez dans le moteur, il roulait en Mercedes. Les affaires marchaient bien. Son divorce a d'abord sérieusement entamé le bas de laine. Ensuite, lui qui ne s’était jamais occupé de ses comptes, a découvert qu’il n’avait jamais cotisé une retraite convenable. Il avait une belle maison, mais impossible d’assumer le coût de l’entretien et du chauffage, alors le petit bonhomme a investi le garage attenant et a tenté d’y survivre jusqu'à ce que le froid l'expulse. A côté, la belle maison devient un squat. « M. Martin, pourquoi vous ne retournez pas dans votre maison ? » « Mais c’est qu’il y a dedans des gars qui ont des couteaux grands comme ça ! » (il illustre en écartant ses mains de trente centimètres). Que se passe-t-il, pourquoi ne vend-il pas cette maison, située dans un terrain convoité pour sa situation ? En tout cas, il est hébergé ici depuis longtemps, et on le voit prendre petit à petit la voussure d'échine qui est le stigmate des délaissés.

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