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  • Reprenons

    Donc, la reine, fatiguée par sa grossesse, avait commencé à se lasser de Martin dès le premier été de sa présence à la Cour. Est-ce parce qu'il lui rendait mal les efforts de sa protection, est-ce parce que, plus que toute autre adoption, celle de Martin avait semblé un caprice brutal, presque un désir sensuel, est-ce parce que la mauvaise humeur de la reine, conséquence de ses regrets, recevait en retour un indéfectible sourire de chiot content de son sort ? En tout cas, la présence de Martin finit par la contrarier. Bien qu'elle ne puisse rien lui reprocher précisément, Martin semblait à la reine une faute incessamment rappelée, le souvenir d'un désordre, comme semblaient le souvenir des fortunes perdues au Pharaon, sa réputation saccagée au bal de l'Opéra malgré la dérisoire protection du domino, les fêtes délirantes conspuées, des caprices et larmes pour obtenir une faveur pour ses protégés, autant de pauvres façons de se fondre ou d'exister, dont le sourire énigmatique de l'enfant lui représentait la vanité avec une cruelle constance. La reine ne montra jamais d'irritation en sa présence mais enfin elle évitait sa compagnie, retardait ou négligeait les moments où elle devait s'occuper de lui, se déchargeait sur ses dames des attentions qu'elle lui portait quelques mois plus tôt et ne lui prodiguait plus les chatteries des premiers temps.

     

    Extrait de "La Grande Sauvage". Écriture en cours. (avec l'espoir d'une publication en 2016).