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    La lenteur de fabrication d'un roman est exaspérante. Cela peut même rendre schizophrène, à force. Je reprends le chantier de La Grande Sauvage, qui se déroule pendant la Révolution Française, mais les intentions et l'élan qui m'ont poussé à l'entreprendre se heurtent au spectacle des injustices quotidiennes, de l'urgence que je ressens à exprimer des combats immédiats, actuels, qui me contraignent à me situer, là, maintenant. L'envie existe de laisser tomber le propos de cet énorme boulot (entamé il y a déjà deux ans, mine de rien), pour m'emparer d'un sujet d'aujourd'hui et le traiter avec l'énergie de la colère ou du désespoir. Je pourrais me servir de ce roman pour le faire ? Sauf qu'il en résulterait un pot-pourri de mes indignations (parce qu'elles sont nombreuses et semblent se multiplier dès que je m'informe sur quelque chose). Donc, attendre, finir ce qui a été commencé, prendre du recul. Ou tout basculer cul par dessus tête, stopper ce qui menace de ne plus faire sens pour moi, et me plonger dans la métamorphose scripturale du courroux, tout entier et tout vibrant. Mais cela signifierait trahir mon éditeur et le jury qui m'a confié une aide importante pour accomplir ce roman (je ne vous avais pas dit ? Voilà : la Région a agréé mon dossier). Vous raconter tout ça est une manière d'admettre publiquement que, ces jours-ci, alors que je parviens enfin à m'extraire de mes Nefs de Pangée, je n'arrive pas à pondre une ligne du prochain. Dramatique.