Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • 2859

    Momie_MnHn.jpgMusée de l'Homme (Museum national d'Histoire naturelle, Paris, tout récemment rénové). Visite de l'exposition permanente. Je m'arrête devant une vitrine où il est question des rapports de l'Homme avec la mort. Sa préoccupation de la destination du corps, de la préservation des chairs pour défier le temps. J'avise une momie précolombienne particulièrement expressive. Je m'empresse de la croquer sur mon calepin et lit ensuite le cartel pour apprendre que c'est elle qui aurait inspiré à Munch son fameux « Cri. » Des signes manifestes par delà les siècles, des figures qui ne laissent aucun témoin en paix. Étrangeté du rapport esthétique entre ce qui fut une personne et la personne qui regarde, relation confuse entre le corps vivant, oublié, métamorphosé (car il serait insupportable de visiter un cadavre), et la sculpture asséchée qu'il est devenu. Où sommes-nous, là-dedans, que voyons-nous vraiment ? La réduction esthétique d'un être humain ? Les portraits peints ont-ils la même fonction ? Pourquoi sommes-nous indemnes de honte et de tristesse en braquant nos regards sur ce vestige d'humanité, qui n'a pas moins pensé, aimé que nous, pas moins vécu que nous ? A quel instant précis le cadavre devient-il aussi peu incarné que sa propre représentation ?