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    A Thonon-les-Bains, l'autre jour, je revenais. Six ans écoulés ou presque depuis ma première venue en médiathèque, ici, à l'occasion de la sélection Lettres-Frontière du Baiser de la Nourrice. Sur un présentoir, mes livres disponibles pour les adhérents de la bibliothèque. Logiquement, il y a un exemplaire du Baiser. Il est dédicacé. La dédicace date de mon premier passage, en 2010 donc. Je souris : un dessin représentant un milicien dans la brume est accompagné de quelques mots souhaitant « bon courage » au lecteur qui s'aventurerait à emprunter ce roman. Je pensais sincèrement qu'il en fallait, du courage, pour affronter 150 pages d'angoisse et d'étouffement. Je sais dans quel état d'esprit j'ai écrit ces mots. Un goût pour la dérision, une distance par rapport au merveilleux moment que je vivais. J'espérais bien sûr que suivraient d'autres parutions, mais je cherchais à me convaincre que mon aventure éditoriale s'arrêterait là. Il ne fallait surtout pas que je me prenne au sérieux, que je me mette à « y » croire. Alors, « bon courage », oui, rions ensemble, je ne suis pas vraiment un écrivain vous savez, pas plus que Simon Jérémi n'est vraiment acteur, tout cela n'a pas d'importance, je n'y crois pas moi-même, je fais semblant, nous faisons semblant n'est-ce pas ? (tandis qu'intérieurement : j'y mets ma vie ! ne me regardez pas mais je tremble, ne m'écoutez pas mais je hurle). Retrouver cette dédicace m'a fait penser à une chose : il m'arrive encore de dédier un livre en ajoutant « bon courage » ou une formule qui sous-entend que tout ça est risible. Ce qui signifie au fond que je me dénie le droit de me considérer comme écrivain. Je ne sais quel franchissement permettrait de m'accepter. Et si ce franchissement, cette acceptation, est un enjeu ou pas.