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    Solitaire d'Eparre ou jumeaux de Michon, ils sont nés récemment, dans les dernières décennies d'exploitation, quand fut abandonné le comblement des galeries par foudroyage, opérations menées par les ouvriers de la nuit, ceux qui, plus ou moins exclus de la geste chevaleresque des mines, n'extrayaient ni ne piquaient, mais prenaient d'énormes risques en démontant les étançons de métal ou de bois trop éloignés du front de taille, provoquant des éboulements volontaires et contrôlés (car un trop grand vide derrière les mineurs et c'était la menace d'un écroulement, par effet mécanique des masses en équilibre). On échangea cette technique périlleuse du foudroyage par une simple et continue éjection des caillasses superflues et donc, ce que nous voyons là, grisâtre et blond, rouille et sable, ces pentes hérissées de forêt neuve, ne sont rien de mieux qu'une poubelle, un rejet, un amoncellement d'encombrants que les clapseuses n'avaient pas choisi de conserver. La bonne houille, le gras, le schlamm, elles les gardaient, les restes de schiste et de grès grimpaient à dos de ruban mécanique, rejoignaient là-haut le mâchefer et les scories de la centrale électrique dite de Basses-ville, tout près. (Et, me dis-je, si l'on avait conservé le procédé sommaire du comblement, si le crassier principal de Michon n'avait pas poussé ses cent mètres dans le ciel, accolé à son comparse de soixante mètres comme Khéops l'est à Mykérinos ? Considérant avec les techniciens des risques, que le sol se stabilise et donc, par cet armistice, augurant l'oubli progressif des sapes anciennes, la ville aurait eu une chance de négliger le passé. Réflexion idiote, pardon, ce qui demeure ne se négocie pas.)

     

    Extrait de "à propos de Saint-Etienne", écriture en cours.