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    En amont et en aval de ce premier enfouissement, la ville pendant longtemps s'accote à lui, l'accompagne gentiment pendant des siècles, fidèle à la maternelle rivière qui l'a fait naître. Le Furan alimente, arrose, fait tourner les moulins, permet de laver les draps et de teindre les tissus (activités dont l'incompatibilité provoqua quelques remous), de forger le métal et de collecter les immondices. Tant que la ville se développe sur son axe est-ouest par dessus le Pré de Foire, le Furan ne gêne pas trop, on le laisse ailleurs miroiter sous le soleil et les étoiles. Un Terrier d'avant la Révolution Française montre que la seule partie recouverte est toujours celle du siècle précédent, comprise entre le pré de Foire et le début de la rue du Grand Moulin où il est à nouveau au jour (et pour cause, il faut bien le faire fonctionner, ce 'grand moulin') avant que la rivière s'évade vers le nord, parmi les prés, les vergers, les jardins des couvents. Déjà, le Furan est doublé par le grand bief des Usiniers. Car Saint-Etienne est une ville industrieuse et son industrie est en mouvement grâce au Furan. La nécessité d'alimenter en eau ces activités au fil de l'année implique de domestiquer le flux de la rivière, on la contraint en amont pour équilibrer son débit, on aménage son cours pour prévenir ses caprices. Parce que notre furieux, comme dirait Stendhal, est du genre cévenol, capable de crues soudaines et puissantes. Il fait d'importants dégâts. Lors d'une crue mémorable, il épargne une statue de Vierge (c'est une tradition un peu partout dans le monde : la nature contourne parfois quelques symboles, et les superstitieux battent des mains, voient se confirmer par là leur foi, en oubliant les destructions des mêmes, incomparablement plus nombreuses... suffirait de tourner la tête, d'aller voir à un kilomètre des lieux du miracle. Bref.) Le Furan tue, aussi. Combien de Stéphanois ignorent encore que la rue Gérentet est baptisée du nom de ce brave négociant nageant au secours d'un infortuné emporté par une crue, en plein Saint-Etienne, et se noyant avec lui ? (il faudrait avoir mauvais esprit pour y voir une distinction de classe, la glorification d'un acte d'une charité exagérée, d'un bourgeois se sacrifiant, contre la coutume, pour un pauvre anonyme. Le sacrifice inverse s'est sans doute produit, valut sans doute une messe, mais il faudrait, disais-je, avoir mauvais esprit pour donner crédit à un tel déséquilibre de traitement, je m'insurge donc contre une hypothèse d'un tel cynisme. Re bref). Nous voici en 1860, la municipalité veut privilégier la rubanerie en centre ville, il faut pour cela une eau raisonnablement propre, alors on déplace les activités les plus polluantes. La Manufacture d'armes et la Compagnie des Forges et Aciéries de Saint-Etienne quittent le quartier des Rives et s'installent au nord de la ville dans le quartier du Marais, que dessert le chemin de fer. Le Furan perd alors de son utilité, et sa couverture est envisagée sur le quartier des Rives et de Valbenoite, c'est-à-dire sur l'amont.

     

    Extrait de "à propos de Saint-Etienne", écriture en cours.