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J'ai beaucoup aimé

Il faut que je vous dise : un auteur devine quand on n'a pas lu son livre. Par les propos du complimenteur ou du critique, il sait s'il a été lu et comment il a été lu : en diagonale, scrupuleusement, les premières et les dernières pages, seulement des passages, et quels passages, ou juste la quatrième de couverture et un peu de presse. Cela se voit, je vous assure. Dans de tels cas, bien sûr, l'auteur ne dit rien, sourit, poursuit la conversation, accepte le jeu de dupes. Parce qu'au fond, il y a, partagée, l'envie de parler du livre, et au terme du dialogue, il est bien possible que l'auteur ait donné à son faux lecteur l'envie de vraiment lire son bouquin.

Commentaires

  • J'ai eu droit à une variante, de mon côté, par quelqu'un dont, en plus, l'avis m'importait: "ah, Laurent, j'ai bien reçu votre roman, je l'ai trouvé sympathique..." C'est étonnant comme elle est presque naturelle, l'envie de tuer.
    Est-ce la discussion d'hier? Je suis allé au bout, en toute fin de soirée, de mon "cache-cache". Aux épreuves, maintenant...

  • Cela nous renvoie naturellement au livre de Pierre Bayard "Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?"paru aux éditions de minuit en 2007.
    ce livre est resté un mois en évidence à la bibliothèque, des mains étaient tentées de le prendre, mais il n'est jamais sorti spontanément !Cela en dit long sur nos rapports à la lecture ! Il a toujours fallu que j'opère une médiation. Car le livre (à lire de la première à la dernière page !!) est vraiment pertinent et nous interpelle, entre autres choses, sur les mille et une manière d'aborder un livre...De quoi aussi déculpabiliser une bibliothécaire à qui il faudrait plusieurs vie pour tout lire !! Ce livre est en outre paru dans la collection "paradoxe", c'est tout dire...
    Mais je vous rassure, s'il y a des auteurs que je lis en diagonale (certains ne méritent pas mieux), il y en d'autres que je déguste ! Et Lettres Frontière est toujours l'occasion d'un festin...

  • il est assez intéressant de constater que vous ne parlez pas de votre rapport aux livres, mais à vôtre livre.
    Le livre est un véhicule sacralisé à outrance dans notre culture française. Il n'a, pour tout dire, pas plus d'importance qu'une flasque de ketchup.
    Mesurez un instant l'importance de votre livre sur l'existence de votre lecteur : vous allez être édifier.
    La littérature que je déteste cordialement aide à clarifier l'indicible, sans aucune espérance de résultat. C'est bien le problème.

    Un poète qui se respecte tente (en boîtant) d'exprimer l'inexprimable, au pire de mettre des jarretelles aux mots asexués. Un polygraphe tente de polir son histoire avec ses références, bien souvent malheureuses.

    Dans les deux cas, le livre est un conducteur. La transmission est rélle, ou non. Dans tous les cas, s'exposer en littérature est un échec pour l'auteur. (Le lecteur à suffisamment de bon sens pour ne pas tenir compte de ce qu'on lui propose).

    Léger hors-sujet, mais pas sûr. On ne peut reprocher à quelqu'un de ne pas avoir lu notre livre. De nous écouter, oui, décemment. Si toutes les crottes de biques présentées comme du crottin d'éléphant actuellement publiées étaient prises au pieds de la lettrine, nous aurions une belle population d'abrutis.

    La publication est remplaçable par le suicide ou l'amour.

  • J’adhère en partie, en tout cas sur cet aspect dérisoire et le peu d’importance de tout acte humain au regard de la petite éternité de l’espèce (tu sais bien, combien d’anciennes discussions sur ce thème ?). Pour ce qui est de nôôs livres, je veux te rappeler qu’ici, sur Kronix, il est surtout question des autres livres et, plus largement, des autres humains. L’influence ou l’importance que peuvent avoir les nôtres (parlons pour Laurent et moi, pour l’heure, qui correspondons par ce biais et sur ce sujet, occasionnellement) sur des lecteurs, ne nous serait absolument pas mesurable ou même perceptible sans les rencontres que nous avons la chance de faire régulièrement, avec, justement, ces lecteurs, qui nous disent, nous assurent, nous rassurent, nous confirment que, oui, l’un ou l’autre avons été leur « coup de cœur », qu’ils en ont été bouleversé, travaillé, interrogé et cette attention dirigée vers nous, dans le cadre de plusieurs sollicitations officieuses ou officielles, nous imposent (tout surpris que nous pouvons être de cet accueil), de réviser l’idée un peu désinvolte que nous nous faisions de l’impact de notre propre travail. Ce sont justement les lecteurs qui nous disent que c’est important. Ce que, a priori (n’est-ce pas Laurent ?), nous aurions des réticences à accepter. Après, là où je te rejoins et m’interroge, c’est qu’il a fallu la dose nécessaire d’inconscience et de prétention pour proposer un texte, le laisser éditer, diffuser, avec au fond la question lancinante de la légitimité, et la conviction (en ce qui me concerne en tout cas), que ce ne serait, évidemment, qu’un bouquin de plus sur les étagères prêtes à fondre dans le grand brasier final, des bibliothèques du monde (rappelle-toi certain passage de « A la droite du Diable »). Mais tu as connu toi aussi, cet étrange moment où on ose livrer aux autres ce qu’on a de plus intime. Quel mystère, n’est-ce pas ? Est-ce qu’on ne le fait pas que pour savoir, a posteriori, grâce aux lecteurs, si cela en valait la peine ou non ?
    (léger hors-sujet aussi, par rapport à ton commentaire, je m'en rend compte à présent). tant pis.

  • Ce message s'adresse à Marielle, si tu passes par là :
    je n'ai pas d'autre mail que celui de Bozel pour te contacter, et j'hésite à le faire par ce biais, puisque, normalement, tu n'y travailles plus. J'espère que tu prends bien tes marques à ton nouveau poste. Voilà, je voulais juste avoir des nouvelles. Bises.

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