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La vertu et le pardon. Lettre à J.

Je ne conteste pas le goût pour la vertu, l'exigence que tu veux avoir de ne pas te plier aux rituels. Je m'incline devant ce rejet des normes qui font suivre une mélodie intelligente et recueillie par un fracas de mains frappées, applaudissements érectiles, codifiés, décérébrés, pavloviens. Je ne conteste pas, j'admire la sorte d'exigence qui te faisais éviter, avec ton ami, la convention du « bonjour », poignées de mains ou embrassades tout aussi normatives et bêtifiantes. J'y souscris. Mais nous avons une manière différente de déduire de nos actes, de nos choix exigeants de vie et de comportements, un regard aux autres. Toi et ton ami y voyez l'édification d'une solitude magnifique, un dandysme à l'écart des foules abruties, soumises aux rituels et aux politesses incessantes, qui ne sont que scories des sociétés ; moi j'y vois une source d'attendrissement et de reconnaissance envers mes frères humains. Pourquoi ? Parce que, tout simplement, je n'y arrive pas. Je ne peux pas être pur, c'est difficile, c'est risqué, c'est épuisant. C'est impossible. « Soyez dignes en tout », écrivais-je un jour à mes enfants, parce que, découvrant que c'est impossible, vous trouverez dans l'exercice une tolérance envers ceux qui n'y parviennent pas, ou ont abandonné. Je suis de ceux-là. Evertuons-nous, et dans l'échec, aimons-nous davantage.

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