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Petit jardin

Sénèque conseillait à son ami Lucillius de ne pas déraisonnablement multiplier le nombre de livres dans sa bibliothèque et de n’en posséder que quelques uns, dont l’incessante relecture serait plus pertinente que la soif de tout lire, quête absurde parce que sans fin. Ce qu’un ami me résumait par « ceux qui, dans un livre, en lisent cent et ceux, qui dans cent, lisent toujours le même ». A l’heure actuelle, je dois dire que ma douce et moi, plongeons carrément dans le péché de l’abondance. Des milliers et des milliers d’ouvrages, auxquels viennent de s’ajouter, alors que nous n’avons plus de place, les 75 volumes de l’œuvre intégrale de Voltaire, collection bibliophilique en bon état, daté 1828.

Considérant cet ensemble qui nous dépasse, dont nous n’aurons jamais épuisé les possibilités (c’est sûr aujourd’hui), je suis pris d’un certain découragement. D’autant plus qu’il y a toujours une rencontre pour nous faire réaliser que, malgré le nombre, nous ne faisons qu’effleurer la masse créatrice de la littérature. Un « et machin, tu l’as lu ? » me renvoie impitoyablement à mon inculture, et au fait que mes lacunes sont irrémédiables. Alors, me vient la tentation de tout arrêter, de cesser de lire ou de voir des films, de négliger les informations, de ne plus me tenir au courant des dernières avancées scientifiques ou des créations les plus en pointe ou les plus marginales, pour pouvoir goûter en paix, seulement et éternellement, je ne sais pas : Proust, Woolf, Tolstoï, Hemingway, Hugo ou Rabelais. Respirer au creux d’une certaine innocence, mais refouiller sans cesse la même œuvre, pour en tirer un univers et tous ses possibles.

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