Je comprends pourquoi certains croient encore en l'enfer. Ou, en tout cas, jouissent d'y croire, ne serait-ce qu'un moment. Il ne s'agirait pas d'un lieu où l'on serait damné pour les fautes vénielles que nous avons commises, mais d'un endroit où ceux qui nous empoisonnent la vie souffriraient pour l'éternité. Ô les assistantes sociales implacables, Ô les médecins méprisants, Ô les comptables véreux, Ô les mandataires avides, Ô les élus crapuleux, Ô les cul-bénis hypocrites, Ô les bourgeois cauteleux, Ô les fonctionnaires sans cœur... Hurlez dans les marmites, embrasés jusqu'à la gueule ! Sentez le fer des fourches médiévales s'enfoncer dans vos chairs écorchées, humez le parfum de vos langues qui brûlent, la consommation de vos souillures, le délitement renouvelé de vos nerfs !
(respiration, atténuation du vertige, retour à la terre)
L'enfer n'existe pas, c'est bien. Mais se projeter le film des malédictions jetées à nos tortionnaires, parfois, aide à la sauvegarde de notre santé mentale. Exercice bien inoffensif. Ne surtout pas se l'interdire.