La sensualité de la pâte sur la toile. J'adore ça. Tu aimais ce moment, hein ? Tu me regardais. Je te laissais me regarder. Toi seule : personne d'autre après toi. Tu me regardais moi, en fait ; pas ce que j'étais en train de peindre. Voilà pourquoi c'était supportable. Tu souriais ; je me souviens de ton sourire. Une si grande sérénité dans ton sourire qu'il y coulait une angoisse. Et puis, il t'arrivait de t'endormir pendant que je travaillais. C'était reposant, comme la présence d'un chat. Concentré sur ma toile, je ne prenais pas tout de suite conscience de ce qui se passait ; mais je sentais sur moi l'épaisseur d'un silence. Je jetais un œil : tu t'étais endormie.
Commentaires
"Le portrait chasse le nu, le nu le portrait". Bon, je ne suis pas un lecteur de Bonnefoy (ce fut l'objet d'une discussion -d'une opposition- avec Jean Mathieu), mais "actualité" oblige, j'y retourne : j'en éprouve la même sensation de pesanteur, due à mon manque dans les connaissances brassées par Bonnefoy, j'imagine. Des raccourcis conceptuels que je ne sais pas suivre. Cependant, en lisant (donc relisant)"Remarques sur le dessin", cette phrase qui répond peut-être à ton texte...
Lu, au hasard des sondages, deux ou trois poèmes de Bonnefoy. Resté hélas un peu en dehors. (normal : des sondages ne disent rien d'une œuvre) Il faudra bien qu'un jour je m'y confronte sérieusement. Vais demander à Dieu un rab d'un demi-siècle.
Toute aide, même lointaine et indirecte, est bienvenue... donc en effet ne pas hésiter à demander l'aide de Dieu. On sait jamais... sur un malentendu hein...