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    Même nu dans mes nuits, je peins. Je tends les bras, l'air s'imprègne de lait, Vaste soupe, Voie lactée dans quoi tous les délires s'épurent. Je travaille. Je joue, je bosse.
    Seul et entouré de tous.
    J'étais là, allongé au milieu de mes petits soldats, des centaines. J'en avais des centaines. Je collais l'œil au parquet et mes petits soldats se muaient en figuration hollywoodienne. J'entendais, en vrai, la vocifération des foules. Et leur clameur innombrable résonnait dans le tout petit espace de ma chambre. J'étais vide dedans ; et autour c'était plein. Il y avait des héros, des lâches, des traîtres, des luttes, il y avait des récits. De la vie. Toute cette vie éclairée par la lumière, sous le lit, son reflet sur le parquet. Toute la vie mangée par la fournaise du blanc.
    Alors, redouter l'intrusion des parents. La brutale irruption qui brise la coquille, le froid soudain, la mise à nu de mon univers. Et comme quand j'étais enfant, ensuite, quand tout est fini, que c'est mort pour moi, c'est comme si j'avais fait une bêtise : la peur du jugement, la même timidité que celle du gamin que j'étais.