Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

3855

J'allais à cette réunion comme un condamné monte à l'échafaud. Depuis plusieurs jours, je tentais de comprendre le point épineux qui avait motivé l'organisation de cette réunion, censée le résoudre. Or, je ne parvenais pas à saisir de quoi il s'agissait. J'entrevoyais vaguement le principe, mais impossible d'éclaircir précisément les tenants et aboutissants. Donc, j'entrais dans la salle, une vingtaine de regards convergeant sur moi, dans l'état d'esprit qu'on imagine. Une fois tout le monde installé, l'un des protagonistes, en face de moi, assez remonté, rappela les faits, provoquant dans l'assemblée des acquiescements attristés, voire irrités. Des phrases de condamnation fusèrent, accablant la direction de l'établissement dont je faisais partie, De qui se moque-t-on, c'est quand même un comble, dire qu'on en est là, etc. J'affichais une expression qui pouvait être lue comme de la compassion mais aussi comme une réprobation de propos aussi tranchés. Le rappel achevé, les regards braqués sur moi, on attendait une décision. Au moins une parole claire qui désamorcerait le litige, car litige il y avait. Je ne voyais toujours pas de quoi il était fait, mais bon. Après un immense silence, pendant lequel je conservais une attitude empreinte de solennité où mes auditeurs pouvaient, espérais-je, voir de la concentration et de la sagesse, je me décidais à prononcer quelque chose. « Et bien... » commençai-je, puis je pris le temps de remuer quelques papiers. Mon cœur battait à exploser, je suppose que de la sueur perlait à mon front. Je reposai les papiers, mon moindre geste scruté par vingt paires d'yeux vindicatifs. J'articulais finalement, de l'air las de qui s'étonne qu'on s'alarme pour si peu de chose : « Vraiment, je ne comprends pas pourquoi on... » et, miracle ! Une protestataire, à côté de moi, interrompt ce qu'elle croit être un appel à la patience : « Moi, je pense, dit-elle, que... » et la voilà exprimant une solution qui reçoit l'approbation de tous. Je prends un air contrit et résigné pour convenir : « Voilà, exactement. » Et la réunion s'acheva ainsi, à la satisfaction de tous et sur des congratulations que l'on m'adressa pour avoir été si compréhensif.

Commentaires

  • l'air de rien, quel bavard !

Les commentaires sont fermés.