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Une journée à Central Park

C’est au petit matin, au détour d’une poubelle gavée, que le chien Stub dégotta un os de boeuf avec sa moëlle. Le tout était d’une taille fort honorable et propre à lui attirer la jalousie de ses congénères. Aussi se mit-il en devoir de trouver un refuge où il pourrait savourer le fruit de ses recherches, à l’abri des truffes indiscrètes. Au bout de quelques minutes à fureter parmi les allées encombrées de junkies aux aguets, il porta son choix sur un reste de Cadillac, abandonnée à l’embouchure d’une ruelle sordide, plongée dans l’ombre épaisse de hauts murs de briques noircies. Stub s’installa sous le chassis défoncé et rongea tranquillement son os, indifférent aux fades remugles des drames urbains, répandus sur le bitume en flaques coagulées. Stub considéra placidement le faîte des arbres qui oscillait en chatoyant sous la brise tiède. Il se dit qu’on vivait un drôle de monde où les arbres s’élevaient sans plus de conscience que les humains, où les briques avaient un goût de goudron et où les chiens, même libres, se conduisaient comme leurs maîtres. Il se dit aussi que tout cela n’avait pas d’importance, que seul comptait le poids de son regard sur le carré de soleil jaune qui s’épanchait, comme une vague, sur le tas de sacs plastiques éventrés, de l’autre côté de la ruelle ; et que, depuis qu’il avait décidé de vivre comme un homme, à grignoter un os du bout des dents toute la journée, tout paraissait tellement plus simple. Il savait que le soir apporterait un peu de fraîcheur et de quiétude. Stub lécha son os en soupirant.

 

Commentaires

  • Aïe ! tu piques !

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