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La beauté et le cri du cochon

 

Dans toute beauté, il y a du tragique (extrait de notes de préparation d'un apéro-philo)

Anecdote des paysans au salon de l’agriculture assistant à un concours de cris de cochon. Reportage radio sur France Inter en 2007.

Un type s’est entraîné toute l’année pour imiter au mieux les cris du cochon. Les paysans apprécient, applaudissent, critiquent en connaisseurs. Vient l’heure du cri du cochon mourant, l’épreuve la plus difficile et la plus spectaculaire. S’élèvent des cris terribles, déchirants, qui saturent les micros. Un des paysans s’adresse à son tout jeune fils, qu’on imagine pâlissant : « Eh oui, c’est dur, mais c’est ça, c’est la vie. » La prestation est jugée exceptionnelle à l’unanimité. Une expression vient, reprise plusieurs fois tandis que l’interprète vocifère dans les haut-parleurs : « C’est beau. ». C’est dit avec sérieux, avec l’assurance de personnes qui savent la difficulté, qui apprécient le défi et la qualité de l’interprétation. Qu’est-ce qui était beau dans ce spectacle ? Je crois qu’il s’agissait de la dimension tragique de la mort du cochon, et dont l’imitateur avait su rendre les nuances avec réalisme, qui élevait l’exercice au niveau de la beauté.

Il m’est venu à l’esprit que dans toute beauté, il y avait une part de tragique. Un sentiment de fatalité devant la fragilité de la vie. C’est peut-être ce qui distingue la sensation esthétique du « joli »  de l’expérience plus profonde de la beauté.

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