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Gilgamesh

f74c1cf93bf661b555b58674bad871ed.jpgAdapté par Léo Scheer. Editions Léo Scheer.

 

L'épopée de Gilgamesh est le tout premier roman de l'histoire mais, du haut de ces 3500 ans, il vous flanque la gifle bienveillante du patriarche.  La lecture de l'aventure du roi d'Uruk a ceci de particulier, qu'elle vous renvoie à tous les textes fondateurs que vous avez déjà pu lire ou parcourir.

Le déluge ? Dans Gilgamesh. Les lamentations d'Achille sur le corps de Patrocle ? Dans Gilgamesh. Les travaux d'Hercule ? Dans Gilgamesh. Lilith ? Dans Gilgamesh. L'Odyssée, L'Ecclésiaste (des passages) ? Idem.

On n'en finit pas de retrouver les types et structures de tous les récits. Et on est épaté par la nouveauté, l'originalité de certains passages. par exemple, j'ai été abasourdi de découvrir que Gilgamesh commence par un flash back !

La scène est écrite comme l'ouverture d'un film : au fond du temple d'Ishtar, dans un coffre de cuivre vérouillé, caché, et à l'intérieur d'un tiroir secret, est enfermé une tablette de lazulite sur laquelle est gravée l'épopée de Gilgamesh. Et l'histoire peut commencer.

Gilgamesh n'est pas tout de suite un héros positif : c'est un mauvais roi. Sa force immense lui confère un pouvoir indiscuté : il sait que personne ne peut se mesurer à lui, il se bat avec les garçons, les tue souvent, il couche avec les filles, exerce un droit de cuissage systématiquement. Ses sujets en ont assez et se plaignent aux dieux.

Rebondissement assez inattendu : les dieux créent un double de Gilgamesh, Enkidu, aussi puissant que lui, mais vivant innocemment au milieu des animaux (tiens j'y pense : voilà Tarzan. On n'a vraiment rien inventé). Apprenant l'existence d'un monstre velu et puissant, Gilgamesh lui envoie d'abord une courtisane. La Joyeuse (c'est le nom de la prostituée) séduit Enkidu et l'invite à la luxure la plus débridée. Ils font l'amour 6 jours et 7 nuits, après quoi, Enkidu se sent tout de même un peu fatigué (on ne dit rien de l'état de la Joyeuse). Rassasié d'amour, rasé et habillé de frais par les soins de la prostituée (tiens, la prostituée au grand coeur : voilà Irma la douce), Enkidu se laisse convaincre de rejoindre Uruk, la cité de Gilgamesh, et la civilisation. Là, des noces se préparent, et Enkidu apprend que le roi, Gilgamesh, l'insatiable, va venir exiger son droit de cuissage sur la future mariée. Indigné, Enkidu barre le passage à Gilgamesh, et une lutte titanesque commence. Les deux adversaires sont de force égale et le combat dure longtemps. Enfin, les deux hommes-jumeaux deviennent amis.

Les deux amis vont partager encore quelques aventures, mais malheureusement Enkidu finit par mourir. Gilgamesh, inconsolable, veut comprendre pourquoi Enkidu est mort, pourquoi lui aussi, comme tous les hommes, risque de mourir un jour. Un seul homme connaît la réponse : Ut-Napishtim, seul survivant du déluge, seul homme auquel les dieux ont offert l'immortalité. Et je n'en raconterais pas plus.

Permettez-moi seulement d'insister sur quelques aspects remarquables :

La sensualité torride de certains passages "viens, jouissons de ta vigueur, avance ta tête pour m'embrasser entre les cuisses".

La quête désespérée de Gilgamesh que tout le monde traite de fou, et qui revient enfin chez lui, le coeur en paix et bienveillant envers ses sujets, parce qu'il a compris que vouloir échapper à la mort était une folie.

Les procédés narratifs très modernes : pensées de chacun, dialogues, descriptions poétiques, récit alterné.

Le récit du déluge par Ut-Napishtim a inspiré nettement celui de la Bible, à une notable différence : dans la religion sumérienne, les dieux, assistant au terrible carnage qu'ils ont déclenché, pleurent : ils regrettent. Notable différence, disais-je.

L'édition présentée est une version dépouillée des nombreuses répétitions et de la contextualisation érudite des versions précédentes. ca ne coûte que 15 euros. C'est très vite lu. Bonne lecture.

 

 

Commentaires

  • Salut Léo! C'est marrant cette histoire. Ca fait vraiment envie et je crois qu'en attendant le retour des lectures imposées par les études(17ème et 18ème au programme!), je vais m'y plonger.
    Et le fait que cet opus est inspiré nombres d'autres créations est tout aussi marrant. Je travaille sur la rédaction d'une conférence/débat(je ne sais pas trop comment l'appeler), dans laquelle je voudrais expliquer aux parents pourquoi leurs enfants lisent des mangas, pourquoi le shonen fonctionne comme nombre de récits contemporains ou non, enfin pourquoi ça n'est pas "dangereux." Gros travail mais intéressant. Ce livre va peut-être m'apporter de nouveaux arguments... Merci du coup. On bosse quand sur Spathul?

  • J'y bosse en ce moment-même... On peut se voir la semaine prochaine. Vendredi par exemple. Bouffe+boulot. ?

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