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De confiance

Vu l'autre jour en DVD (du coup, l'appellation "Cinéma" pour cette rubrique est assez spécieuse, mais tant pis), "Deux jours à tuer" de Jean Becker et avec Albert Dupontel. Film sans grand intérêt, mais qui m'amène à parler de confiance.

Dupontel, très vite déplacé de ses stands up qui agaçaient les bien-pensants critiques de Télérama, toujours prompts à déceler racisme, antisémitisme dans les propos les plus second degré, et après quelques court-métrages, avait entamé une carrière d'auteur de films "en marge" avec "Bernie". Film fort, irritant, décalé, brutal. Un autre film, "Le créateur" 'avec Terry Jones dans le rôle de Dieu, était un de ces hymnes jubilatoires et décalés dont le cinoche nananère a bien besoin de temps en temps. Dans les rôles qu'il choisit, pour un cinéma plus conventionnel, Dupontel fait souvent preuve d'un goût sûr. Bref, j'aime bien Dupontel. Avec lui, je marche à la confiance. Donc, n'ayant pu voir "Deux jours à tuer" en salle pour raison de boycottage du multiplexe où il est passé, j'achète le DVD du film. De confiance, sans m'interroger sur le nom du réalisateur, dont je n'ai rien vu jusque là*. Le propos (un type qui craque, envoie promener famille et amis et se barre de chez lui), cautionné par la présence de l'acteur, me suffisent.

"Deux jours en été", après un début assez jouissif et destructeur, se transforme en mélo insupportable et caricatural comme un dernier paragraphe de nouvelle policière, quand l'auteur tient absolument à caser la "révélation" censée mettre le lecteur sur le cul. Film autodétruit, curieux métissage de cynisme et de mièvrerie, le film de Becker n'est ni satyrique ni émouvant, du coup. Il échoue sur ces deux tableaux.

Enfin -attention : je dévoile ici un ressort essentiel de l'intrigue- quand on apprend que Dupontel s'est fâché avec tout le monde (ses clients : il travaille dans la pub (très original), sa belle-mère est une garce qui terrorise son mari, ses amis sont des petit-bourgeois satisfaits et avides) pour partir, mourir auprès de son père, sans qu'on le regrette, quelque chose cloche a posteriori : le problème est qu'il a bien dit leurs vérités à chacun, dans une scène explosive (mais désamorcée du coup, puisque donnée ensuite comme une manoeuvre). Il a dit la vérité, mais c'était triché, insincère, calculé, ce qui signifie qu'il est du même monde, aussi cynique et amoureux de l'argent que les autres. Tout ça pour ensuite, quand la rupture est consommée, avouer la vérité à son père, et lui demander d'aller dire à sa femme, dès sa mort, qu'il l'aimait comme un fou. C'est nul. Niveau Alexandre Jardin et consorts.

Dupontel, tu m'as déçu. Becker, je ne te connais pas*, et tant mieux.

 

* Mais si, bien sûr, c'est le réalisateur de "l'été meurtrier", mince, pas de bol, pas tombé sur le bon scénario. Dur, ce métier.

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