Norman Bates, chaque année pour la fête des mères, chantait : « Maman, tuée, la plus raide du monde. Aucune autre à la ronde, n'est plus momiiie... » et cette foutue rengaine ne le quittait plus, obsédante, jusqu'à ce qu'une voyageuse blonde se présente au motel et l'aide à s'en débarrasser.
Cinéma
-
3845
-
3831
Enfant, je me pensais destiné à la réalisation de films. Le cinéma m'était une telle obsession que, je le jure, certains de mes rêves commençaient par des génériques. A minima, j'espérais pouvoir être décorateur (oui, les immenses décors de mes péplums favoris, tellement somptueux que je me demandais - n'ayant que de faibles notions du processus de création des films - comment les acteurs pouvaient jouer sans s'extasier sur la splendeur de ces réalisations). Au fond, m'importait de créer des univers. Des années plus tard (beaucoup d'années plus tard), j'ai pu faire dépasser à mes désirs le stade de la rêverie éveillée. J'ai réalisé quelques films (de la vidéo, hein : réfutons le terme de « cinéaste » dont un pourtant joli portrait m'a accablé), conçu et construit d'imposants décors (pour des 'films' ou des expos assez spectaculaires), puis la BD et le roman m'ont permis de mettre en scène à peu de frais les superproductions que j'avais en tête. Ce n'est pas qu'il faille abandonner ses passions de jeunesse, elles trouvent pour se concrétiser d'autres voies, plus personnelles, et plus fondées.
-
3829
Je sais que dans ce monde gorgé de moraline les considérations qui suivent pourront agacer ou faire ricaner.
J'ai une immense admiration pour les films de Michael Hanneke. Tous sont des œuvres marquantes, révélatrices, sophistiquées et puissantes. C'est un grand réalisateur, indéniablement, et pourtant... Je dois dire que me sont de plus en plus insupportables les scènes ou des animaux meurent ou souffrent à l'écran, véritablement. Hanneke, par sadisme ou désir de bousculer, d'interroger la cruauté des spectateurs et les limites de leur complaisance au spectacle de la violence (autant de tentatives que je conçois et approuve, de la part d'un artiste), expose mort ou souffrance des animaux dans chacun de ses films. De mémoire : Caché, Un coq décapité, Happy end, un hamster empoisonné ; Benny's vidéo, un cochon est tué ; Septième continent, poisson rouge mourant asphyxié ; Funny Games, un chien battu à coups de balles de golf (mais je ne me souviens pas s'il y a ellipse...) ; Le Temps du loup : trois chevaux abattus et une chèvre égorgée ; Le Ruban blanc, un cheval percuté par un câble (quoique, dans ce cas précis, je soupçonne un trucage). Je ne supporte plus. L'âge peut-être, ou bien suis-je gagné par l'hypersensibilité de la société sur ces questions ? Enfin, si j'admets la démonstration du réalisateur, le procédé me révolte désormais. Car, au fond, on est en présence de créatures vivantes qu'on exécute ou torture pour délivrer un message dont elles n'ont que faire, elles. Des bêtes meurent pour choquer des gens ou questionner la séduction du morbide. C'est cher payé, je trouve. D'autant que la récurrence amoindrit l'effet. Ne reste que l'absurdité des faits : on a tué, devant une caméra, des créatures qui ne demandaient qu'à vivre. Une autre conséquence de ce phénomène, plus essentielle que des effets sur ma sensibilité personnelle, est le risque d'obsolescence des films de Hanneke. De même que les roulements de mécaniques et les répliques machistes à l'emporte-pièce de John Wayne rendent 'ses' films difficilement regardables aujourd'hui, il est possible qu'un jour toute la filmographie du réalisateur autrichien soit frappée d'une semblable ringardise à cause de ces quelques minutes de cruauté, que l'avenir jugera inexcusables. -
3671
Pour la première fois, sous prétexte qu'il avait mené son concept trop loin, la critique contesta à ce spécialiste de l'extrême ralenti, son long métrage sur la croissance de l'herbe.
-
3484
- T'as de beaux yeux, tu sais.
- Ouais, je sais, carrément. Ma mère me dit qu'avec ça et mon cul, je peux faire ce que je veux des hommes. Mais je dis pas ça pour toi, gros bêta, allez, embrasse-moi.
(Prévert a bien fait de couper dans ce dialogue)
-
Oh my GASH !
Gash est un projet de série d'animation, inspiré d'une BD du grand Petelus, que j'avais chroniquée ici. Nul doute que le propos minimaliste d'origine s'est quelque peu étoffé et le nombre de protagonistes multiplié pour accoucher d'un argument assez ample pour motiver toute une série.
Les deux créateurs du projet, Lionel Quéroub et Olivier Paire (alias Petelus), ont bossé comme des dingues pour mener à bien la première phase de réalisation : un appel à financement via la plate-forme Kikstarter. Le lien ICI. Ils ont réussi, pour convaincre leurs futurs fans, à mettre en scène l'univers de la série dans un teaser superbe et alléchant. Cette première étape consiste à financer une véritable bande-annonce, plus riche et longue que ce bref aperçu, un "trailer" nécessaire pour intéresser des producteurs et chaînes de télé, et qui devra déboucher sur le financement (encore une étape de ce long processus), sur le pilote de la série. Nous sommes nombreux à y croire, mais le temps est compté : le financement participatif sera clos le 20 avril. Il est vital pour un tel projet, que le financement débute vite et fort. Bon, si vous ne me trouvez pas, là, dans les tout premiers contributeurs de ce projet magnifique, c'est simplement parce que ma douce est partie ce matin avec ma carte bancaire. Passé ce détail, dès ce ce soir, je participe. Vous me connaissez, n'est-ce pas ? Je ne vous solliciterais pas sur Kronix pour une œuvre dérisoire ou passable. Gash sera un événement dans l'histoire de l'animation hexagonale. Voici l'occasion de participer à l'histoire artistique de notre pays. Rien de moins.
Lien permanent Catégories : actu, Art, BD, Cinéma, rencontres avec des gens biens, Web 0 commentaire -
3361
Ces jours-ci, ma douce classe et répertorie de vieilles publications trouvées dans la maison. Un régal car l'opération met au jour des raretés, comme un exemplaire des fables de Fong Siue-Fong illustrées de superbes gravures sur bois, des livres pour enfants d'après guerre et des revues pour la jeunesse du même tonneau. En 1954, l'hebdomadaire Mireille aidait les parents de jeunes filles à les préparer à la vie future. C'était chaque semaine des patrons de couture ou de tricots, des conseils culinaires, des jeux, des concours de photos de bébés, des petites chroniques historiques, des récits édifiants, comme Mademoiselle ci-devant, qui racontait en bandes-dessinées (de bonne qualité) les mésaventures de la fille du vendéen Henri de La Rochejaquelein, aux prises avec les barbares révolutionnaires. Chaque semaine, Les conseils de Tante Chiffon, toujours en bandes-dessinées, apportaient leurs bienfaits à leurs jeunes lectrices : se tenir bien, être ponctuelles, propres, etc. Je note, dans le numéro 41 du 11 novembre 1954, un épisode donnant l'attitude à avoir avec son institutrice « tout à fait digne d'intérêt ». On y trouve ce conseil savoureux : « Vous devez veiller à ce que les domestiques considèrent votre institutrice comme une amie, voire un membre de votre famille. » Ce qui donne une idée du public concerné par la publication (sauf qu'en l'occurrence, la revue était reçue dans une maison d'ouvriers, même pas chrétiens, donc assez laxistes sur les lectures de leur fille unique – la maman de ma douce – ou bien s'agissait-il seulement d'acheter un joli patron de robe). Dans ce même numéro, une rubrique « cinéma », fait connaître l'avis d'un(e) certain(e) Marijac sur le film Les Temps modernes de Chaplin. Je ne résiste pas à l'envie de la reproduire in extenso :
« Charlot nous revient, mais je crois que ses films sont maintenant un peu dépassés. Tant que le mime reste l'amuseur bon enfant, le film est drôle ; lorsqu'il veut être philosophe, le film devient puéril. Le fait de représenter le directeur de l'usine sous les traits d'un monsieur qui ne sait dire que « plus vite » en se contentant de lire les dernières aventures de Tarzan, est d'une vérité et d'un goût un peu simplistes. Le mystère du génie de Charlot est un peu comme celui de Picasso. Il faut d'abord y croire. » -
2825
Télérama disait du film « comment un tournage aussi épique appuyé par un casting irréprochable, a-t-il pu aboutir à cette œuvre enflée et grotesque ? ce pourrait être mystérieux, si on oubliait que la mise en scène a été confiée à l’un des réalisateurs les plus confits et les plus fades d’Hollywood… » Quant aux inrockuptibles, ils dénonçaient : « Un monumental pudding, un nanard vertigineux, un ratage grandiose ! » Il fallait donc une sacrée dose de culot pour oser afficher au dos de la jaquette du DVD : « Epique », « Mystérieux » « Irréprochable » (Télérama) « Monumental », « Vertigineux », « Gandiose ! » (Les inrocks).
-
2753
« Vous n'allez pas faire ça ? » dit-il, horrifié, mais le scénariste ne se donna pas la peine de répondre, il frappa sur son clavier et écrivit une histoire de jumelles amnésiques tenancières de bordel nazi, car il n'avait aucun scrupule. « Et peut-être même qu'il y aura des ninjas » fit-il, impitoyable, avant d'être secoué d'un énorme rire démoniaque.
-
2539
Hier, revu « Alexandre le Bienheureux » d'Yves Robert, avec Philippe Noiret. Voici un film daté, dont les intérieurs sentent le studio de Billancourt, dont certains gags sont mous et l'interprétation pas toujours parfaite, cependant... Je l'ai revu avec beaucoup de plaisir et d'émotion. Parce que ce film m'a sauvé la vie.
J'avais 14 ans, peut-être, j'étais pensionnaire dans une institution religieuse, on m'imposait des mathématiques ad nauseam, moi qui ne rêvais que d'art et de littérature, je ne comprenais pas le monde du travail et des adultes que je voyais arriver sur moi, non comme une promesse d'avenir, mais comme un train.
Et puis, un jour, un type qui passait avec son projecteur, nous montra ce conte innocent. Je ne sais pas si nos curés apprécièrent l'apologie de la paresse et du temps long que prônait le film, en tout cas, ce fut pour moi une révélation. Quelqu'un d'autre, quelque part, pensait comme moi !
Ce que je devinais du monde, le désir que j'avais de me placer dans une lumière toute bonne et désinvolte, tandis que je voyais les adultes pliés sous des contraintes qui les faisaient renâcler à longueur de journée, se trouvait soudain confirmé par l'autorité dune œuvre cinématographique. C'est ainsi que je comprenais la vie, elle pouvait être douce à qui choisissait de ne pas se vautrer dans l'obscure fatalité du labeur. L'exemple d'Alexandre me donna confiance, me rendit moins amer, moins suspicieux envers la nature humaine. Je n'étais plus seul. On pourrait estimer que son message m'a maintenu dans une sensualité puérile, a retardé ma maturité, c’est le contraire : il m'a fait mûrir, a dégagé la place où je savais pouvoir me redresser.
Bien sûr, tant d'autres films, plus importants filmiquement, mieux achevés et plus riches, m'ont apporté beaucoup, mais « Alexandre le bienheureux » est le seul qui aie su me dire que je n'étais pas une sous-merde vouée au désespoir pour le reste de mes jours. Voilà. De malheureux, j'étais passé à potentiellement bienheureux. Merci, monsieur Robert. -
Kinétoscope
Dans un grand musée, choisir une vaste salle bourrée de peintures, et courir très vite en clignant des yeux entre chaque tableau. Cela reproduit de façon étonnante les effets du cinéma. Les toiles se fondent dans un mouvement, bataillent et se heurtent, s'épousent, dialoguent. C'est très beau. Enfin, je suis certain que ce serait très beau. Mais on ne me laisse jamais faire.
Lien permanent Catégories : Art, Bois-en mieux, Cinéma, Matières à penser, Nouvelles/textes courts 0 commentaire -
Bonus
Pour ceux qui sont allés jusqu'au dernier chapitre de "L'Affaire des Vivants", cette séquence incroyable du film "J'Accuse" d'Abel Gance (version 1918). La scène du champ de bataille.
-
Encore une histoire de poils
On apprend que tel acteur d'un récent film hollywoodien est affublé d'une fausse barbe réalisée en poils de testicules de yak. Cette information cocasse mérite cependant d'être complétée par la manière dont le précieux postiche a été collecté. Je voulais ici rendre hommage à Everett Wood, jeune stagiaire sur le film, qui devait arracher par touffes lesdits poils pendant le sommeil de l'animal. Everett avait été sélectionné pour son aptitude à la course. Car le yak est sensible et vindicatif.
-
Grave E.T.
En dehors de l'exploit technique, j'ai aimé dans Gravity, une notion induite simple : nous sommes des terriens, et nos racines sont là. On peut toujours délirer sur les voyages intersidéraux, les exoplanètes et autres terraformations, n'empêche qu'on est de là, et que c’est là, sur notre grain de sable, que nous sommes condamnés à vivre, et pas ailleurs. Faut se faire à l'idée. Et en assumer les conséquences : prendre grand soin de la maison, parce qu'on n'a nulle part où aller.
-
X Men
- Ah, professeur Xavier, j'étais sûr...
- ... qu'on se retrouverait. Evidemment.
- Vous savez que je prépare...
- ... un attentat contre la NASA, oui.
- Finalement, la téléptahie, ça ne vous sert qu'à...
- ... finir les phrases des autres. C'est énervant, hein ? -
Au temps de la pelloche
(Note écrite en 2007, apparemment disparue de Kronix, et retrouvée pendant une période d'oisiveté)
J'apprends avec une grande déception que l'excellent cinéma national du Tadjikistan, qui nous a fait découvrir entre autres l'univers du cinéaste Radjila Vorliadek (auteur notamment du célèbre "Jiihla tvldrskovist miahilioskorsk", sorti en France -après un problème de traduction- sous le titre "le retour des palombes avec un sourire peint sur la tête"), non content d'envahir nos écrans, est aussi une industrie qui spolie les plus démunis.
En effet, la fabrication des pellicules, et particulièrement l'opération de densification des flocules, est confiée à de petits lapons sous-alimentés.
Des enfants de moins de 6 ans travaillent dans des conditions indignes, pendant plus de douze heures, sans interruptions. Leur "rémunération", si on peut la nommer ainsi, est de moins de 1 dollar pour cent mètres de pellicule. Un petit lapon en fabrique en moyenne 60 à 70 mètres par jour. A ce rythme un jeune garçon ne pourra se payer son premier renne qu'au bout de 220 ans !
Quand on sait que le renne, animal emblématique de ce pays, participe au rituel nuptial des lapons, car il est la monture avec laquelle le jeune lapon va enlever sa jeune lapone pour convoler en justes noces, on mesure l'ampleur de la catastrophe culturelle et identitaire que peut causer cette pratique.
Ne permettons pas qu'un tel esclavagisme perdure ! Luttons contre l'exploitation des petits lapons !
Envoyez vos protestations à l'ambassade du Tadjikistan, dès que vous en aurez trouvé l'adresse ! -
C'te misère...
C'est pas possible. Mais enfin nom d'un chien, c’est pas vrai ! ? Je vais tout de même pas me mettre à chialer devant « Les Misérables », non ? si ? Oh et pis merde, allez.
-
Note 1770
Etait-ce la tonsure du bidasse ? L'accoutumance à l'humour de chambrée ? Ce film, vu entre camarades de régiment, m'avait fait éclater de rire. J'en avais mal aux côtes, j'avais été asphyxié de rigolade pendant toute la projection. A la première perm', je me hâte d'emmener ma fiancée de l'époque voir ce bijou. Et je me retrouve, consterné, devant un film indigent, stupide, grossier, affligeant, insupportable. Je n'ai jamais aussi bien ressenti et compris le phénomène d'abrutissement généré par un groupe.
-
L'Eternel retour
- Et là, l'un d'eux se dresse et dit : non ! Plus jamais cet esclavage !
- Oui, c’est pas mal. C'est pas déjà le scénario de Planète des singes, origine ?
- Non
- De Spartacus, alors ?
- Non
- Django, Amistad ?
- No
- Quilombo ?
- Je ne crois pas
- I, Robot ?
- Non voyons
- Les Misérables ?
- Mais non enfin : c’est le scénario des Dix Commandements.
- Ah oui, je savais que ça me disait quelque chose... -
Cinoche
Raquel Welch se faisait enlever par un ptérodactyle. A l'inverse de mes camarades, je voulais bien croire au ptérodactyle, mais pas qu'une femme puisse être aussi belle.