Ma douce a eu la gentillesse de m'acheter un livre que j'avais lu il y a longtemps et que je n'avais pas, étant donné qu'on me l'avait prêté à l'époque. Il s'agit de "les hommes ivres de Dieu" de Jacques Lacarrière. Une merveille, qui explore la période d'incroyable démonstration de piété des premiers temps du christianisme, pendant laquelle des fous de Dieu s'allèrent enterrer dans le désert egyptien, au sud de Thèbes, dans la désormais fameuse "thébaïde". C'était une lecture frappante, qui m'a même inspiré un texte, l'an dernier, intitulé sobrement "l'ermite". Là, je suis présentement en train de me dire in petto, ce matin, devant mon bol de café, "de quoi pourrais-je me passer ?" que pourrais-je "laisser aux ronses" ?
D'abord, je n'ai pas de gros besoins, mais j'admets apprécier de temps en temps, une petite sortie au restaurant avec ma douce. Si j'étais seul, je crois que, oui, je saurais m'en passer (oui, de toute façon, aller au resto tout seul...).
Les films ? Les DVD ? Je crois que je pourrais m'en passer. Difficilement, tout de même, et seulement dans l'hypothèse où je m'isolerais, tel un ermite justement, loin des autres et des discussions des autres, où il est vital d'avoir vu ou lu ce dont tout le monde parle. Vital ? Non, bien sûr, pas vraiment. Alors, pas de films, pas de DVD, pas de télé (ça, c'est déjà fait).
Les livres... Hmmm. Non, pas possible. Mais alors peut-être pas de nouveaux livres. Il me suffirait d'embarquer dans ma grotte ma bibliothèque actuelle, presque deux mille livres (on a compté, dimanche, par curiosité, avec ma douce), et si on ajoute ceux de ma chérie, alors nous devons dépasser les six mille, sûrement. Donc, je n'ai pas besoin de racheter, mais j'admets que c'est un peu tricher, si j'emporte ceux que j'ai. Parce que, non, je crois que j'aurais vraiment du mal à me passer de bouquins.
La musique ? Là, oui, je peux m'en passer, je m'en passe déjà pratiquement, même si j'aime beaucoup m'écouter un morceau de classique ou une chanson de temps à autre, je n'ai déjà plus guère l'occasion de m'adonner à ce loisir. Pas de musique. OK. Pas de télé, pas de musique... Pas d'internet ? Difficile, là aussi. J'en ai besoin. Gardons le net (mais du coup, c'est carrément tricher : il y a tout dessus : télé, musique, cinoche, nouvelles lectures). Bon, j'abandonne internet. C'est dur, mais faut ce qu'il faut.
La voiture. Hmmm. Je m'en suis passé pendant plus d'un an, malgré mes enfants à la maison. Mais il faut dire que maman me prêtait souvent la sienne, aussi. Cependant, si je peux aller au travail à pieds, comme aujourd'hui, alors, oui, je crois que je peux vraiment et totalement me passer de voiture.
Les sorties, les expos ? Facile, mais je sais que, du même coup, je me coupe de la fréquentation d'amis artistes précieux. Un véritable sacrifice. Le cinéma ? Je n'y vais déjà presque plus.
Pour la bouffe, plus de viennoiseries, de saloperies sucrées, de gentils desserts. Si j'y parvenais, quel bonheur ! Une décision qui m'éviterait la honte de croiser des connaissances dans la rue, tandis que je plante mes mâchoires dans une énorme part de tarte aux pralines. Et plus de whisky, tiens, tant que j'y suis. Pas trop dur, dommage, mais pas trop dur. Jusque là, je me débrouille pas mal.
La fréquentation des amis ? Euh... (la voix au fond de moi : "Un véritable ermite s'exile du reste du monde"). Alors ? Euh... ("et ta douce ?"), attendez... ("et tes proches, tes enfants ?") bon écoutez, on va arrêter là ! Je ne parlais que du matériel, n'est-ce pas ? ("Hin hin. Petit joueur")Je ne serai jamais un ermite, et puis merde.
Commentaires
Tu m'as fait peur un instant. Parce que partager un whisky avec des potes pour parler du dernier livre qu'on a lu ou du dernier film qu'on a vu, le tout devant une bonne tarte aux pralines en écoutant la musique de Conan le Barbare, c'est peut-être pas essentiel mais fortement recommandé!
Oui.
Et je me demande aussi si c'est pas un peu essentiel, quand même. En fait, l'ascète est quelqu'un qui meurt au monde.
Ce qui me fait penser qu'un fameux ascète était tellement célèbre pour son refus de toute nourriture qu'un sculpteur voulut lui rendre hommage en élevant un monument à l'ermite. Il commença par une statue en argile, mais l'ascète l'arrêta. Il ne voulait pas d'ascète en glaise.
Hum.
huhu, tu l'as sorti de loin celle-là!
( SOURIRE)