Ce n'est pas une littérature exceptionnelle, mais on apprend des choses. A partir d'un personnage central, fictif (Patrice Orvieto, un diplomate français), témoignages, lieux et dates, égrennent le déroulement terrible des faits jusqu'à la fin de la guerre, et ces conséquences intimes chez ceux qui ont croisé la route de l'impensable, de nos jours. La sensation de l'inéluctable, de l'irréparable, et au final, une meilleure compréhension des décisions prises par "ceux qui savaient" pour, surtout, ne rien faire. Aucune condamnation, le triste constat que chacun avait ses raisons, y compris, à l'époque, les juifs américains ou la SDN pour ne pas croire "les sentinelles". Dans la vidéo, j'évoque une digression : le récit des expériences de Von Braun. Ce qui n'apporte rien au propos, et Tessarech imagine aussi un personnage fictif mal exploité : Sergio, le frère de Patrice, censé figuré la part d'ombre, celui qui adhère aux thèses du nazisme. L'auteur aurait mieux fait de s'épargner cette digression et ce personnage, qui éparpillent un récit, autrement, d'une indéniable qualité documentaire. A la toute fin, il est question d'une oeuvre musicale que je vous conseille, si vous ne la connaissez pas : La symphonie des chants plaintifs, de Gorecki.
Les sentinelles, Bruno Tessarech. Grasset. 378 pages, 19 euros.
Jan Karski, Yannick Haenel. Gallimard. 187 pages. 16,50 euros. (si quelqu'un l'a lu et veut en dire deux mots, ces pages lui sont ouvertes)