Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Lettres-frontière, suite

La soirée au restaurant surchauffé est très agréable, j’ai même l’impression fugace d’être un écrivain. Eugène remplit sa barbe de paëlla et Delphine son verre de rouge, l’éditeur bougonne contre Facebook, personne ne parle des scores du MCG, négligence ou politesse, les échanges sont intéressants. Au cours de la conversation, je comprends que je suis le seul à avoir lu tous les livres des autres. Par politesse d’abord, et puis (parce que la qualité est là), par grand plaisir. Laurent est peut-être le seul du groupe à avoir lu le mien. Agréable dialogue avec l’intimidante Delphine et écoute émerveillée des anecdotes d’Eugène, de son érudition phénoménale, de sa connaissance du milieu littéraire et de sa vie, qui en fournirait mille autres de ses expériences. Nous rentrons. Sur le chemin, Laurent Cachard me parle de sa comédie musicale, de son Dom Juan en alexandrins, de son amour pour le flamenco et la littérature espagnole, je renonce à lui réciter le poème de Machado que je connais par cœur (enfin, pas complètement). Genève est mouillée, dehors, genève est grande et froide, dehors. Et calme et droite dans sa vêture de verre et d'acier.
La nuit est affreuse, un couple d’anglais règle ses comptes jusqu’à une heure du matin derrière la porte qui sépare nos chambres surchauffées. J’ai beau cogner, gueuler fort « shut up ! » ou « silence ! » (prononciations française et anglaise), rien n’y fait, le couple est dans une phase critique que les appels internationaux échouent à apaiser. Au matin, nous apprenons que Durif et Cachard ont très mal dormi eux aussi, Durif crevait de chaud et Cachard a eu lui aussi à faire avec un voisin indélicat. Pour Claudie Gallay, tout baigne, quant à Delphine Bertholon, elle n’apparaîtra qu’en fin de matinée, fraîche et comme sortie du berceau. On voit par là que les fées se penchent toujours sur les mêmes berceaux, et bon c’est comme ça, on va pas refaire le monde.

 

A suivre.

Commentaires

  • Un tantinet désabusé ? Curieuse retranscription ... Enfin oui je suis parfaitement d'accord avec toi quant au sur-chauffage helvète !!! Juste tout à fait contrastant avec la froideur de façade. Bluffant comme effet.

  • Mais c'est vrai qu'il a fait chaud! Par contre, je n'ai su qu'après que l'hôtel Cornavin était celui de l'"affaire Tournesol"...

  • L'affaire Tournesol ? Plus qu'à réviser l'album, pour voir.

    JBC : désabusé, non. Je tente seulement de ne pas être dupe du dérisoire de tout ça. j'essaye de ne pas m'illusionner. Parce que, quand on est ainsi entouré et aimé pendant plusieurs jours, on risque de se croire autre chose que ce qu'on est : un type qui cherche des mots.

Les commentaires sont fermés.