Le beau zèle de Marielle - 1
Il a été question de cela, à une certaine heure, au cours de la discussion engagée autour de « le refus » de Kertesz, un des livres que j'avais choisis pour évoquer mes amours littéraires aux organisateurs de Lettres-frontière. Il a été question de la fonction de l'écriture qui, d'une certaine manière, certifie qu'un moment a bien été vécu, et lui confère le poids de chair qui, autrement, manquerait à la mémoire. Il a été question de l'écriture comme testament de la rencontre de Bozel. Pour dire que cela fut, surtout dire combien ce fut important pour moi. Alors voilà, il faut que je raconte Bozel, et je ne sais pas par quoi commencer.
Par Marielle peut-être, tout simplement, parce que cette vaillante bibliothécaire a réussi, dans ce petit village de 1200 habitants à réunir en quelques jours plus d'une vingtaine de personnes, passionnées, exigeantes, attentives, et toutes, toutes humaines, humaines, Ô mais humaines comme j'en sais de proches ici, comme il y en a, nombreuses et discrètes, partout dans le monde, et qui vous réconcilient un temps avec le reste des bipèdes.
Dans la minuscule médiathèque de Bozel, samedi soir, j'ai été accueilli dans une ambiance de vie et d'enthousiasme comme seule la résistance peut en générer, je crois. Parce que, là-bas, les mots du « baiser... » provoquent un écho qui vole sur les trois vallées et s'accroche au grand bec dont la neige fleurit sous le soleil. Parce qu'en face, il y a Courchevel, les flancs velus éprouvés par la gale des pistes, les constructions touristiques qui échardent la roche ; Courchevel, dont certains à Bozel jalousent l'argent, la neige artificielle, les pistes damées à renfort de diesel nocturne, et les touristes méprisants. Les mêmes envieux sans doute qui considèrent une bibliothèque comme un cimetière. Mais madame, le cimetière remue sacrément ! Venez seulement jeter un oeil : les morts-vivants agitent les mâchoires, je vous le dis, les zombies ont de belles couleurs, ils échangent, discutent, contestent, applaudissent, rient. A Bozel, la vie se concentre ici, madame, dans le « cimetière » des livres. Je le sais, j'y étais.
(à suivre)
Commentaires
On sent l'émotion poindre, mais ça s'arrête trop vite! Bon, je reviendrai demain...
dommage le croche-pied aux stations qui malgré leurs imperfections partcipent totalement à la vie de cette vallée. Souviens toi du passé agricole qui ne permettait pas aux familles de vivre décemment (as-tu regardé le paysage enneigé recouvrant des pentes escarpées, il fallait du courage pour les exploiter jusqu'à 1500m) , puis au passé industriel qui fît long feu et n'améliora que de peu le quotidien.
Alors oui il y a des stations dont les mairies et les exploitants savent aussi prendre des initiatives pour améliorer l'environnement, conserver des emplois et pour qui l'aspect économique reste un casse-tête permanent.
Que toutes les bonnes volontés se réunissent, suspendent le temps pour reconstruire, et......dans un monde rêvé on pourrait tout à fait baiser la nourrice autrement. Olé!
Oui, le problème des raccourcis. je suis désolé.
Enfin, je stigmatisais surtout ceux qui envient l'aspect superficiel d'une telle station. Il vaudrait mieux en envier effectivement, la redistribution en termes financiers. Redistribution possible grâce au produit d'autres attraits touristiques : nature préservée et culture, par exemple.