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La machine

Ludivine présenta, hier soir, ce modèle étonnant, dont l'avant présente une sorte de flanc qu'on peut aussi bien prendre pour l'arrière qu'on ne distingue d'ailleurs que difficilement du dessous. Outre la compréhension du fonctionnement de l'engin, sa manipulation est rendue plus délicate par son poids de cent-vingt kilos et son envergure de treize mètres, son absence de anses, de prises, de moteur et de roues. L'objet sent très mauvais si on ne le lave pas deux fois par jour. Il est aussi dangereux de ne pas replier chaque soir les tubes qui en sortent aléatoirement, et il ne faut pas le laisser dehors car il se déforme et fonctionne moins longtemps. Cependant, cinq adhérentes sont reparties avec un modèle (le vert à diodes vertes a été choisi par toutes, au détriment de l'orange à diodes bleues), dans le but de faire un essai, et convaincre leur époux de vendre la maison pour l'acquisition définitive de l'objet. Rappelons que le gouvernement angolais, les égyptologues du CNRS et les grands sites de forage de la mer du Nord ont été les premiers à disposer de l'appareil et l'ont définitivement adopté. Le fabricant rappelle toutefois qu'il n'a effectué aucun test de son produit dans aucun domaine et prévient donc toute attaque en justice qui voudrait le rendre responsable d'une quelconque insatisfaction dans le résultat escompté.

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