Nous sommes rarement vainqueurs. La camarde est un adversaire tellement redoutable. Elle a porté le coup fatal hier soir, et cet uppercut nous a tous assommé, simultanément. De ma place, j'ai souvent peur que ma douleur soit illégitime. Mais elle est vraie, profonde, génante. Permettez-moi de me livrer ici, quelques instants. Nous pensons aux deux êtres qu'elle laisse, la douce, la délicate Véro. Aussi doux et délicat qu'elle fut.
Nous pensons à eux, nous pensons à elle. Nous savons qu'il n'y a pas de résurrection pascale. Nous savons l'irrémédiable des disparitions. Et les êtres aimés, adorables, silencieux, souriants, tendres, attentifs qui nous quittent, nous savons que nous ne les retouverons jamais. Il y a peu de choses en ce monde qui soit irrémédiable. En voici une. Et cette impossibilité d'un retour, nous cause une révolte...
Je regarde par la fenêtre la lumière incertaine, et j'enrage stérilement qu'elle ne soit plus là pour la goûter ce matin. Et tous les autres matins du monde.
Commentaires
Rien à ajouter sur des sensations comme celles-ci. Sinon les deux fulgurances que j'ai éprouvées aujourd'hui. La première, c'est la sensation, iconoclaste, que la mort n'est que la transmission d'énergie entre deux vivants qui ne se connaissent pas. La deuxième, plus sérieuse, c'est la distinction qu'il m'a été donné de faire entre sacré et religieux au moment d'un chant dans une église, ce matin, un Ave Maria sublimissime... Qui sait si l'esprit de ton amie n'a pas traversé, à ce moment précis, une assemblée dont peu de personnes n'auront saisi le signe particulier? A part ça, mes amitiés et mes condoléances à la famille.
Merci Laurent. Cette année est difficile à ce niveau. La loi des séries, dit-on facilement. Il y a de ces cantiques qui nous élèvent, écrits par de simples humains, viscéralement convaincus d'une lumière céleste. Qu'on soit laïc ou croyant, leur conviction nous aide. J'en sais un, de Gabrielli notamment, qui me transperce à chaque écoute.