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Prolifération

Le peintre avait cette fichue manie de peindre tout le temps. Comme il ne vendait jamais rien, les toiles encombraient sa maison, couloirs, toilettes et grenier compris. Bientôt, il fut obligé d'en ranger dans le jardin, de les déployer sur la pelouse, dans les arbres, puis contre la grille, sur le trottoir, contre la maison des voisins, sur la rue jusqu'au carrefour, accrochées aux poteaux, aux poubelles, posées sur les toits. Et encore le long de la grande route jusqu'à la ville suivante, ainsi de plus en plus loin et même plus sur des toiles mais sur les murs eux-mêmes, sur le goudron des rues, les troncs et les mâts, les voitures et les bornes. Il n'eut plus de peinture et se saigna, n'eut plus de sang et mourut. Un grand orage lava tout ça, et le monde revint à son rêve gris.

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