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Comme d'autres, à l'aventure

Il y a en ce moment deux de mes textes chez deux éditeurs de poésie.
L’un d’eux, prépublié sur un blog spécifiquement dédié avant d’être effacé, a connu deux années de reprises continues, qui l’ont fait mincir et l’ont métamorphosé. De l’état de nouvelle de 25 pages, intitulée « l’ermite » à la sécheresse d’un poème de dix pages aérées et ténues, découpées différemment et réécrites, intitulé « De Terre », ce texte n’a trouvé sa conclusion (s’il est accepté ainsi) que lors d’une décision récente et radicale : changer la fin. Voilà tout ce qui m’a poussé à reprendre, à modifier le procédé littéraire, à choisir la brièveté, à travailler ce texte pendant si longtemps : l’insatisfaction dans laquelle j’étais et qui ne tenait en fin de compte qu’à la résistance de mon personnage à la fin que je lui destinais. Quand la dernière phrase a été modifiée, inversant carrément le propos, quand j’ai résolu de ne pas laisser mon héros dans l’état de colère et de frustration que je voulais initialement pour lui, c’est-à-dire quand je lui ai offert la paix, toute la perspective du poème a trouvé sa cohérence, et il m’a paru que le texte prenait enfin sa force. Deux ans de travail qui n’ont pas été inutiles pourtant. Cherchant un accomplissement par des chemins détournés, j’ai travaillé la forme d’un texte pour, finalement, découvrir quel sens cette forme pouvait bien receler. Il n’y a pas de règle, on le voit.
L’autre texte a trouvé sa forme immédiatement, pendant l’écriture. Il s’agissait d’une improvisation faite à l’écoute de la troisième symphonie de Gorecki, dite « symphonie des chants plaintifs ». Le court texte généré ainsi, dans les larmes véritablement, s’appelle pour cette raison « Les chants plaintifs ». Avant de l’envoyer, je l’ai assez peu retouché. Deux textes poétiques dont les modes d’exécution sont directement opposés, et qui produisent d’ailleurs des effets sensiblement différents. Le premier, j’espère, entraîne une médiation, une volontaire absence de soi, il invite à se regarder et à s’interroger. Le second, j’en suis sûr (car je l’ai lu en public), tonne et supplie, gémit et prie, il atteint les entrailles et le cœur.

La semaine prochaine c’est la dernière version d’un roman déjà patiné par plusieurs années d’assoupissement au fond d’un tiroir, qui va tenter sa chance auprès d’un éditeur. Toute ma vie s’appuie ainsi sur deux repères essentiels : écrire et attendre qu’on publie ce que j’écris. Croyez-le ou non, pour difficiles qu'ils soient, ces deux statuts sont mieux que supportables.

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