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Dolorisme et renoncement

J'ai pu m'interroger récemment sur cette idée que le dolorisme du christianisme (version Paul de Tharse), justement décrié par Michel Onfray, a peut-être un autre but que la seule défiance de son propre corps, et l'horreur de la sensualité. Il m'est apparu (mais je clame que cela n'entre pas dans le projet des religieux, d'abord concernés par l'intimidation et le prône de l'abjection de tout ce qui est chair, aimant le pouvoir qui en résulte) que, du dégoût du corps pratiqué une vie entière, pouvait résulter une attitude plus sereine face à la mort. Dans la conviction que l'enveloppe de chair est méprisable et encombrante, pleine de souillures et fautive, le moribond peut trouver une grande consolation à en être délivré enfin. En tout cas, peut-il s'en détacher plus aisément. Vivre son corps, chercher les jouissances qu'il procure, aimer s'en repaître et en repaître l'autre, bref : le considérer comme la vie-même, doit causer j'imagine la grande souffrance d'avoir à l'abandonner à l'humus.
Disant cela, je ne sais pas si cette proposition tient vraiment ; c'est qu'il faudrait savoir quantifier la peur des uns et des autres à mourir. Un handicapé moteur sera-t-il plus indifférent face à la mort, qu'un danseur accompli ? Je vous laisse ruminer ça et je dois conclure avec ma satisfaction de vous avoir fait perdre bien deux minutes.

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