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Monsieur Lefaure

Mon petit Rachid, je ne sais pas si tu t'appelles Rachid et tu ne liras sans doute jamais ce billet, mais c’est plus facile quand on s'adresse à quelqu'un de lui donner un nom, et puis tout de même, je voudrais t'expliquer. Tu viens de m'appeler au nom de la société « Ouverture 3D » ou un nom original de ce genre, pour me conseiller (je suppose) de faire changer les fenêtres de la maison. Très bien. Quand tu t'es présenté comme « Monsieur Lefaure » avec un accent à couper au couteau, j'admets que j'ai pouffé. Je ne voulais pas te vexer. Je suis désolé. Je ne sais pas comment convaincre tes patrons de ne pas tenter de cacher ton identité, sous prétexte que le Français moyen ne s'intéressera pas à des fenêtres vendues par un nord-africain, mais bon. J'ai pouffé, donc, mais pas contre toi : j'ai pouffé de la bête grossièreté du procédé, et tu t'es vexé, tu m'as dit : « Pourquoi vous rigolez, monsieur, vous vous foutez de ma gueule ? » avec le timbre excédé de qui s'est fait remballer systématiquement pendant les quatre heures de son boulot de merde. Dans ta colère, tu as raccroché sans que je puisse m'excuser. Je suis désolé. D'autant plus que, les appels étant enregistrés, tu vas sûrement avoir droit à une remontée de bretelles (non, ça doit s'appeler un debriefing) et que ta colère envers moi va alors enfler jusqu'à la haine. Je t'en prie, mon petit Rachid, c'est pas moi qu'il faut haïr. C'est pas moi le salaud dans l'histoire. Moi, j'étais un gros père fatigué de sa journée qui a ricané devant une démonstration supplémentaire de l'absurdité de ce monde. Un monde où on dit à un type, pour vendre une fenêtre : « Rachid, tu t'appelleras monsieur Lefaure. » Ça, ça devrait vraiment te mettre en colère.

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