Je me souviens de ce vagabond surgi de la forêt pour demander au paysan chez qui nous passions les vacances, des raves et des pommes de terre vite enfournées dans l'énorme sac qu'il portait sur l'épaule. Il était sale et barbu. Il nous paraissait grand ; sûrement amaigri par les privations, il nous semblait, à nous, petits citadins, sauvage et solide. Quelque temps plus tard, je le revis, seul, immobile, au milieu d'un champ. Bras en croix, vêtements en lambeaux, il prétendait effrayer les oiseaux.