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Une chaussure 1

La première chaussure qui cède est celle de droite. D’abord, une série de veinules dans le caoutchouc annonce qu’elle agonise. A ce stade, je commence à éviter les flaques, sans quoi j’arrive au travail les chaussettes humides. Là, discrètement déchaussés dans l’ombre de mon bureau, mes pieds sèchent, plus ou moins vite selon l’agitation de mes collègues et les effets de ventilation qu’elle provoque. Je continue pourtant d’ignorer la crevasse qui, sous la godasse, s’élargit de jour en jour. Enfin, la semelle s’ouvre complètement par le milieu. J’achète une autre paire ? Non, j’attends que la chaussure de gauche parvienne au même degré de détérioration que sa soeur. Il lui faut en général un peu plus de deux semaines. Cela me laisse le temps de ruminer cette interrogation obsédante : pourquoi la droite en premier, toujours ?
Quand je considère cliniquement mes souliers défunts, ou que j’observe leur lent effondrement dans les derniers jours, je constate que sur celui de droite, un affaissement précoce du contrefort s’est opéré. Je reconnais là le stigmate de déshabillages hâtifs au terme desquels pied et chaussure sont désolidarisés de force, sans délaçage préalable. Le geste qui, du bout du pied gauche arrache le talon du pied droit, est le même qui envoie les pompes en direction du meuble où elles devraient s’aligner proprement, mais où elles percutent leurs congénères et retombent au hasard, parfois trop loin pour être repêchées avant le lendemain. Voilà l’explication des contreforts abîmés, mais la semelle fendue ?

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