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Voir grandir

Tandis que tu m'enveloppes de bien, je sens monter l'engourdissement des haines. Je n'y peux rien. Je mesure ta force, toute de parfum et de calme, mais on accumule pour toi des orages vénéneux. Je vois grandir les choses qui nous emporteront. Des haines aux griffes tendues par la fenêtre. Mais je refuse de te penser comme une proie, tant que je suis là. Alors je te berce, rien n'est advenu. Tu as le temps. Reste endormi je te prie, sans autre souci qu'une faim qui mûrit.

Tu serais dormant toujours, et moi sans inquiétude. Tu serais ma créature épargnée. Le monde aurait fait une pause. Le monde aurait fait une trêve. Je n'ai que le bouclier de ma tendresse. Aucune arme que ma prière. Laissez dormir mon enfant aux mains rondes et vides. Il n'a pas rejoint le camp des ogres. il n'a pas d'ambition, ses nuits ne sont pas hantées par la dévoration des autres. Il dort.

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