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Les couleurs de la vie

L'Adulte : « Il me semble. Une confusion de couleurs. Pour chaque âge, une couleur. Des ocres, des roses nacrés, du vert, du bleu. Des rehauts de teintes scintillantes et des plongées nocturnes. Et de toutes ces couleurs mêlées, quand je vois ma vie passée, est issu un gris uniforme. Plus rien ne se détache. Aucun âge n'apparaît plus fade ou brûlant qu'un autre. Un gris continu, depuis la naissance. »

La dompteuse : « Vous vouliez autre chose ? Vous vouliez mieux ? »

L'Adulte : « Bien sûr. Un éclat, une explosion, une irradiation qui aurait éclairé tout le reste. Une dominante au moins, de rouge ou de blanc, qu'importe. »

La dompteuse : « Ce n'est pourtant pas si mal le gris, et toutes les nuances de ce gris. Etiez-vous préparé à cette incroyable épreuve qu'est la vie ? Non. Vous avez surgi, l'un après l'autre du néant, et puis, confrontés à cette lumière, à ce tout –à l'humanité même pour qui, quelques minutes auparavant, vous n'étiez rien encore– il vous a fallu vivre. Et finalement, voyez-vous, considérant l'énormité du défi, vous vous en êtes plutôt bien sortis, non ? »

 

Extrait de "Le Rire du Limule" Création NU compagnie, 2009.

Commentaires

  • Sans rapport avec le texte du jour : j'ai lu "L'affaire des vivants" et je suis dépeigné! Ebouriffé par ce souffle, ce pas de charge. Je comprends mieux l'incarnation évoquée au Tramway, mais aussi le "non-roman historique". La précision du vocabulaire, le rythme, la fin surprenante, l'intervention gonflée de l'auteur, et j'en oublie car je suis un petit lecteur. Votre roman est puissant, j'y ai appris plein de choses. Alors merci "Le Dictionnaire".

  • Merci à vous, cher Jacques, fidèle lecteur. Tellement heureux de provoquer de telles réactions ! Merci d'être venu au Tramway, aussi. Il n'y a pas de petits lecteurs.

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