Dans « J'habitais Roanne », j'évoquais le Landi, manifestation gymnastique à laquelle, petits écoliers de l'école primaire, nous étions contraints de participer, en short bleu et T-shirt blanc, à la fin de l'année. A l'époque, je n'avais pas pu déterminer l'origine du mot (je ne savais pas chercher, je n'avais pas les outils et surtout, je n'avais pas pris le temps, pour un détail aussi anodin dans mon récit). Maintenant, je sais (l'expérience vient à bout de pas mal de petites gênes comme ça) et je vous livre le résultat de mes recherches. Je ne suis pas mécontent, parce que vous ne trouverez nulle part de définition aussi complète et pardon pour ce petit moment d'auto-satisfaction.
Le landi (ou lendit) : Foire créée au 9e siècle, que Charlemagne avait établie à Aix-la-Chapelle. Elle se déroulait au début de l'été. A l'origine, c'était là que les facultés achetaient les parchemins nécessaires au travail de l'année suivante. Dans les archives du collège Louis le Grand on explique que le recteur allait faire la visite des parchemins, à la foire du Landi, qui avait lieu le premier lundi après la Saint-Barnabé, dans la campagne, entre Saint-Denis et le village de la Chapelle. Défense était faite aux marchands de vendre au public avant que le recteur eût fait ses provisions de parchemins. Il partait de la place de Sainte-Geneviève escorté des régents et d'un grand nombre d'écoliers à cheval. Les graves désordres qui se commettaient pendant cette fête provoquèrent plusieurs arrêts du parlement ; ils ne cessèrent néanmoins qu'après que Charles le Chauve eut transféré cette foire célèbre, du milieu de la plaine, à la ville même de Saint-Denis, en 1444. En 1763, le chef-lieu de l'Université ayant été fixé au collège de Louis-le-Grand, tout le parchemin qui entrait dans Paris était porté dans une salle de cette maison, pour y recevoir le timbre du recteur.
Les troubles de la ligue et l'invention du papier amenèrent l'abolition du Landi. Le nom, toutefois, en resta, et on appelait ainsi le congé que donnait le recteur, le lundi après la Saint-Barnabé.
Mercier, témoin du XVIIIe siècle, raconte la procession carnavalesque des professeurs, montés sur un char et chahutés par leurs élèves, sans risque pour eux d'être punis. C'est la fin de l'école, on se soulage des tensions de l'année.
Le nom viendrait de lundi par corruption. C'était pour les écoliers le lundi par excellence. On apprend aussi que c'était aussi le nom qu'on donne à « l'honoraire » (une sorte de prime) donné par les écoliers à leur maître à ce moment de l'année.
On la trouve citée par Catherine de Médicis dans ses lettres (vol. 10). La régente écrit au prévôt des marchands pour qu'il surveille la vente des chevaux. Et par Mercier dans son Tableau de Paris (vol. VIII) Le Littré apporte des précisions ainsi que « Origine et formation de la langue française » de A. de Chevalet, (1872, vol. 2.)