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Le feuilleton de l'été

Pieds nus sur les ronces - 13

 

   Ô, Syrrha se morfondait ! « Je me morfonds » écrivit-elle sur un cahier, morfonds lui semblait plus juste qu'ennui pour dire son état d'esprit du moment. morfonds penchait ses « o » manuscrits entre les lignes, faisait rouler dessus les chars d'une parade miniature, mort, abysses, ténèbres, morbidité, sommeil, coma. Il y avait dans la chambre une touffeur dérangeante dans laquelle, pourtant, elle cherchait à s'installer. L'inconfort a de ces pouvoirs indirects qui apportent la méditation. Il s'agit de trouver au creux de ce qui est légèrement pénible (une trop forte chaleur, un siège rugueux, un environnement bruyant), l'interstice où est logée la paix, et d'aller s'y rencogner pour mûrir son recueillement. Syrrha savait faire cela. L'air s'engourdissait, le temps prenait une langueur, l'inconfort se déplaçait, se creusait, laissait une place où se nicher. Elle s'abandonnait alors à la méditation, prenait l'ennui entre ses bras, l'embrassait jusqu'à le faire soupirer d'amour. C'était bon, enrichissant. Une forme sophistiquée de la paresse.

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