P : Il m'arrive de produire du beau facile à voir, de la beauté de surface. Le beau fait du bien, il y a de la bonté dans la beauté, j'en suis convaincu. Je passe par le beau pour arranger un monde dérangé. Je suis un peintre qui guérit, un chamane. Oui. Absolument : un chamane ! Je soigne les âmes. Je me dis ça, parfois.
E : Tu trouves que le monde est beau ?
P : Oui, quand il recèle une fin, une tragédie. Il y a du tragique dans la beauté, savoir la corruption des choses. Le grain de la mort sous la peau. Je perçois cela. J'en suis le messager.
E : Une lourde charge...
P : Mon métier, voilà tout. Mon destin.
E : Ta fonction
P : C'est vrai, je disais : ma fonction. C'est ça. Ma fonction, rien de plus. Finalement, ce n'est pas compliqué d'être sincère. Il suffit de suivre sa nature. Tiens, regarde prends goûte ! C'est obscène une peinture, une peinture sincère, celle où j'ai plongé tout entier, sexe et tête.