Avec Olivier Talon, ami et réalisateur roannais, nous avions rencontré Michel Butor, il y a... un peu plus de… 25 ans (non ? si!). J'avais écrit à l'époque un scénario sur le japonisme pour arte (excusez du peu), et j'espérais que Michel Butor veuille bien accepter de parler du Japon. Son livre, Le Japon, un rêve à l'ancre, avait inspiré certains passages du documentaire. À l'époque, je n'avais lu de lui que ce livre et quelques poèmes. Je découvrirai plus tard La modification et Degrés, ce dernier étant mon préféré. Olivier lui avait adressé le scénario préalablement et il avait bien voulu nous recevoir chez lui, en salopette comme il se doit. Ce furent quelques heures assez passionnantes, où il nous suggéra certaines œuvres, nous citant par cœur les musées où elles se trouvaient. Il était d'accord pour être interviewé dans le film, à deux conditions : que le tournage se déroule chez lui (il était fatigué et évitait les déplacements) et que le documentaire ne soit pas orienté politiquement. J'avais timidement demandé à M. Butor ce qu'il avait pensé de mon scénario. Il avait répondu avec un grand sourire : « mais il est très bien ! » Nous nous quittâmes là-dessus et la promesse de se revoir bientôt. Nous n'avons pas obtenu les financements (la litanie de mes projets tombés à l'eau, un de plus, rien de grave) et je n'ai jamais revu Michel Butor. Un peu plus tard, je croisai un ami, fin lettré et bon connaisseur de l'écrivain. Je lui expliquai notre entrevue, encore tout émerveillé qu'un auteur aussi fameux fût si accessible. J'ajoutai que j'étais plutôt content de la réaction de Michel Butor à la lecture de mon travail. Et mon ami de répliquer avec autorité : « Si Michel Butor te dis que ton scénario est très bien ; tu ne dois pas être content, tu dois être fier ! »
Et en effet.