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La voix du pilote s'éleva dans le compartiment. Un incident technique risquait d'imposer un atterrissage d'urgence. Il fallait boucler les ceintures et prendre la position de sécurité montrée par l'hôtesse. Il y eut d'abord beaucoup d'agitation parmi les passagers puis, étrangement, flotta une sorte de bourdonnement : des murmures, des paroles chuchotées, chacun appelait un être aimé, un parent, pour tenter un ultime message, au cas où… Ma voisine immédiate était du nombre. Penchée en avant, recroquevillée sur son portable, elle se confiait à un répondeur, des sanglots dans la voix : « Je te demande pardon pour tout le mal que je t'ai fait... » Enfin, après quelques turbulences angoissantes, des cris de désespoir et des silences médusés, l'appareil se stabilisa et un nouveau communiqué venu de la cabine jaillit des haut-parleurs. Le problème était apparemment résolu, la voix du commandant de bord nettement apaisée, et l'hôtesse passait dans les rangs, souriante, pour achever de nous rassurer. Ma voisine serrait son téléphone dans le poing, comme si elle voulait l'écraser. Elle serrait les dents mais je l'entendis nettement souffler : « Et merde... »

(D'après une idée de Jean-Noël Blanc.)

 

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