Quoi, comment qu'est-ce ? On découvre soudain que le foot stigmatise les différences, stimule un patriotisme de bazar, emballe joliment la pire xénophobie, engendre la haine et exalte la connerie ? Ben merde, quelle surprise !
Moi qui croyais que les : "Lyonnais je te hais", "Paris on t'encule", "Va crever Saint-é" étaient de simples formules d'affection !
Moi qui croyais qu'on sifflait l'hymne des autres juste pour rigoler, que les morts du Heisel n'étaient qu'un paroxysme sans lendemain, que le fait de distinguer "trop de noirs dans l'équipe" était une saillie désinvolte, merde, ce serait donc sérieux ? Il s'y jouerait donc davantage qu'un simple score ?
Aidez-moi à comprendre, tous, supporters de milliardaires qui courent, journalistes gueulant leur passion pour un T-Shirt bleu, spectateurs enthousiastes de petits trucs ronds qui rentrent dans de grands trucs rectangulaires, foules hurlantes en choeur, aidez-moi à comprendre comment vous ne voyez pas que vous cautionnez une guerre constante faite aux autres, à tous les autres pourvu qu'ils soient d'ailleurs : d'un autre pays, d'un autre continent, d'un autre patelin, d'un autre quartier.
Mais vous ne serez donc jamais dégoûtés de ces tribunes en sueur, de ces beuglements avinés, de ces harangues martiales, de ces victoires et de ces défaites qui n'ont aucun sens ?
Je vous mets tous dans le même sac ? Non, je sais, il y a parmi vous des êtres solaires. N'empêche : Tout amoureux que je sois de l'architecture, de la photo ou de la littérature, je n'applaudis pas aux architectures de Speer, je ne m'enthousiasme pas aux clichés de Rifenstahl et la prose de Céline me révulse.
Au moins, au moins, boycottez un sport quand il devient dégueulasse !