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chats

  • Les bestioles

    Je ne le ferai pas. Je ne vous infligerai pas la 123 millionième photo de chat qui roupille, de hamster frétillant et autre bestiole qui font fondre le coeur des bonnes âmes. Mais écrire dessus, ça, je vais.

    Autrefois, nous eûmes un certain nombre de chats, mais pas en même temps. Tous : mort écrasé, donné pour cause d'allergie (mon ex), disparus (la plupart). J'aime les chats, j'aime leur silence, leur mépris des humains et : leur beauté, leur souplesse, leur vitesse, leur regard, bref tout ce qui les place aux antipodes de la plastique commune de leurs propriétaires. Je ne voulais plus de chats. Ma fille en a un. Ma fille habite chez moi. Nous habitons tous chez son chat, qui nous a adoptés ; à condition que la bouffe ne tarde point trop à venir, quand elle (c'est une chatte) rentre à l'aube de ses folles nuits de chasse (je parle toujours de la chatte, pas de ma fille, hein). Moony -c'est son nom- est devenue en deux ans de présence, un troisième enfant, qui ne se distingue de ses pairs que par le poil gris qui la couvre entièrement et la permission qui lui est donnée de dormir entre ma compagne et moi, nous repoussant l'un et l'autre si la place lui manque.

    J'ai aussi un canard. Ce canard fut tout petit, lors de son acquisition, considéré comme une cane. Et baptisé de façon idoine, Vanille. Avec les années, il a bien fallu se rendre à l’évidence : en même temps que la jolie couleur de son duvet disparaissait, émergeaient des attributs manifestement masculins, tels qu’une crête rouge gonflée de colère, un sifflement menaçant à l’encontre de tout ce qui palpite sur la surface de la terre et un caractère irascible qui tient en respect les pitbulls égarés. Moi qui lui donne à manger, il me tolère. Mais quand je rentre dans son domaine pour nettoyer un peu ou m’occuper des poissons rouges (oui : il y a aussi des poissons. Quelle faune !), il me surveille du même regard que celui de son ancêtre direct : le vélociraptor. Seule une longue pratique de la bête et une fourche électrique me permettent d’être encore là pour vous en parler. Il n’était plus judicieux de lui conserver son nom féminin et sucré. Nous tentâmes diverses versions, de l’inévitable -mais vite abandonné- « Saturnin » au « Ferdinand » inspiré je crois, de Babe, en passant par un énigmatique « Jacob », pour finalement, adopter une variété de patronymes : « le truc », « le coinc », « l’aut’fou », « le dingue », etc.

    Enfin, le dernier pensionnaire est un hamster, trouvé sur mon lieu de travail par un collègue. Boule de poils blanche aux oreilles en deuil, "Cabiria" (animal nocturne, le hamster... Vous suivez ? "Les nuits de Cabiria". Hum. Bon) a pour seule fonction de puer au bout d'une semaine et de faire fantasmer Moony, quand ce prédateur impitoyable (les abords de la maison sont jonchés de cadavres de mulots, musaraignes et souris) vient s'allonger à côté de la cage du rongeur, les yeux demi-fermés, sourire paisible, griffes patiemment rentrées, attendant son heure. L'autre utilité de Cabiria est de meubler mes nuits d'insomnie quand elle tourne dans sa roue en plastique (gnik gniik gnik fait la roue continuement, car l'animal fatigue peu, n'ayant rien foutu de la journée).