Pour Kirikou, Ocelot avait adapté un conte africain, mais pas seulement. La série de contes dont il s’était inspiré se révélait aussi manichéenne que la plus sommaire des productions hollywoodiennes. La sorcière était méchante et il fallait la combattre. Le réalisateur français ne se satisfaisait pas de cette explication et, par la grâce de son écriture, le vaillant petit Kirikou demandait POURQUOI la sorcière était méchante. Car chez Michel Ocelot le monde des contes n’est simple qu’en apparence, et les apparences recèlent un foisonnement de mystères.
Avec Azur et Asmar, le réalisateur approfondit ce thème. Le film conte l’histoire de deux enfants, l’un d’occident, blond aux yeux bleus (Azur), et l’autre d’orient, brun et sombre de peau (Asmar), bercés tous deux par les mêmes bras, ceux de Jenane, la mère d’Asmar, nourrice échouée dans un château de la France médiévale. Filant la métaphore pour dénoncer de façon transparente une certaine actualité, Ocelot évoque le sort d’Asmar et sa mère, chassés du pays où ils vivaient pour rejoindre un pays d’origine que l’enfant ne connaît pas.
Les destins de Jenane, Azur et Asmar se croiseront à nouveau, bien sûr, pour une ultime quête, affrontée ensemble, dans un partage équitable entre les deux langues.
Les divers extraits ou bandes annonces ont pu vous préparer à la beauté visuelle du film. Malgré tout, l’émerveillement est constant, les palais somptueux, les images étonnantes. L’utilisation de l’image de synthèse est créative véritablement et, sur un schéma classique de péripéties et d’aventure, les détours que prend l’histoire et la richesse des personnages réservent de continuelles surprises.
La fin est surprenante.
De l’oxygène, oui.
Voir aussi la critique d'Hector, ici.
Commentaires
Et bien, une bonne raison supplémentaire pour aller voir ce très bon film. Il est vrai que rarement au cinéma la pertinence du propos rejoint autant la beauté de l'aspect visuel.
... Alekoum salem Léo !