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Tant que l'humanité... 2/9

Les frissons de la conquête, du pouvoir et de l'asservissement de l'autre ; l'exaltation des va-t-en guerre emportent la raison, font office d'ambition. Les peuples en oublient leurs enfants. Des folies éclatent qui ne sont pas décidées. Les tyrans sont un leurre, l'alibi des nations qui veulent en découdre. Je dis qu'un peuple peut devenir fou, peut se réjouir du sang, de l'extase de la haine, de la mort donnée, du pouvoir de se détruire. La brève poussée ivre du suicide.

Nous sommes tous les enfants des vainqueurs et des vaincus, également. Nos frontières, partout sur le globe, mille fois brisées, refaites, déformées, effacées, retracées, se sont couchées sous le poids violent des conquêtes. Dans nos veines coule le sang hybride des faiseurs de mort et des soumis. Les conquérants ont construit le monde, autant que les vaincus, et grâce à eux.

Porter le fer, tendre le bras guerrier hors de son pays est une affaire simple. Il y faut le prétexte de l'incompréhension. Ailleurs, là-bas, plus loin, les autres je ne les connais pas ; je ne veux pas les connaître. Ils gênent mon horizon. Les savoir à mes portes m'inquiète.

Les guerres et le commerce sont un couple d'amants qui asservit sa progéniture. Le guerrier crée le vaincu, le commerce fabrique le serviteur. Les parts maudites s'enlacent et procréent, misère et richesse, destructions et renaissances. Les fluides sinueux des frontières, glissant sur le ventre du monde, écrivent l'histoire du pouvoir et de l'intolérance, nuisibles démiurges, mais créateurs du corps des peuples.

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