Demain, un très cher ami va réaliser, avec mon aide contrite, une monstruosité. Il va prendre en photo une très très très mauvaise écrivaillonne, inculte, arriviste et bête, dans le décor d'une bibliothèque magnifique, lieu dérudition et d'exigence, pour illustrer le portrait qu'un magazine local fait de cette dame, par ailleurs certainement très gentille.
J'ai plaisanté avec lui, tenté avec tact de le dissuader de ne pas produire cette image contre-nature, vide de sens, monstrueuse, déviante, perverse, sale. Je crois qu'il s'est un peu vexé, parce que c'était son idée. Je crois aussi qu'il n'a pas deviné à quel point cette imposture m'est insupportable. Il a besoin de moi pour lui ouvrir les portes de ce saint-des-saints et je vais me plier lâchement à sa demande, parce que je ne veux pas lui faire de peine. Mais il m'en coûte, je vous assure qu'il m'en coûte. Au point que Kronix devienne le réceptacle de ma frustration rentrée.
Voilà, c'est dit.
Commentaires
Inculte, arriviste et bête, cette écrivaillonne?
Un vrai personnage de roman!
N'en soyez pas peiné.
Et peut-être que la photo de votre ami saura rendre tout cela.
Cela ne sera plus une monstruosité mais une aubaine!
Oui, comme le souligne Papier Journal, la situation est suffisamment contre-nature pour donner l'impulsion à une nouvelle ou un personnage de fiction pour toi qui a l'air de savoir faire feu de tout bois! ^^
Merci à toutes deux. Voici un soutien que je saisis. C'est une idée, ça... Mais je me demande si ce type de personnage -étant du genre humain le type qui agresse le plus fortement ma morale- n'est pas déjà inclus dans quelque nouvelle ou roman (il y en a un de cette eau-là, j'en suis presque sûr dans un truc intitulé "/Stances"). Pas assez riche pour rien construire autour d'elle seule, mais suffisamment agaçante en effet pour inspirer les traits essentiels d'un personnage à venir. Si tel est le cas... Oh mais j'y pense, dans mon dernier roman en cours, je parle d'ELLE dans le délié d'une phrase : "(...) écrivain, je le suis entièrement, cent fois davantage que cette femme qui rédige les mémoires d'une vieille paysanne dans un style affreux et une syntaxe incorrecte (...)". C'est un peu court, car ELLE n'est pas le sujet, mais voilà, je vous rassure : elle est déjà dans mes fictions.
C'est intéressant ça mais il me semble qu'on avait déjà abordé la question du personnage qui sert à rien. ELLE pourrait être celui-ci. Pas assez intéressante pour qu'on s'y attarde mais suffisamment irritante pour excéder le lecteur. J'aime assez cette idée.
Je suis désolé... Ma seule excuse serait te dire que je ne connaissais pas du tout le personnage ni ses écrits.
C'est chose faite, je n'ai pas pu dépasser la page 5....
Tu sais je n'ai plus envie de réfléchir dans ce boulot et j'ai parfois des idées posées à la hussarde, mais je ne pensais pas te blesser à ce point. J'en suis désolé encore une fois.
L'autre
Je t'en prie. Tout ça n'est pas si grave, en fait. C'est déjà oublié. Et puis ça nous a permis de passer un bon moment, tout de même.
Et c'est qui elle, qu'on ait une chance de comprendre ?
Tu la connais pas. : )