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Guy Môquet au Fouquet's

Je sais, parfois je vous fatigue. Mais je me dis qu'avec un billet par jour, sur l'ensemble, mon obsession anti-Machin ne doit pas être si pesante. Disons que pour une bête raison d'urgence démocratique, je me sens un peu obligé de vous tenir au courant. Histoire de ne pas me sentir trop ennuyé quand mes enfants me demanderont des comptes, le jour où l'autre enverra son pays à la guerre. Dire que j'ai fait ce que j'ai pu. Bref. Parlons bouquin, si vous voulez bien.

83f894c4d4fb175a83d7a8539a402fa5.jpgPierre-Louis Basse, quand il évoque Guy Môquet, lui, connaît son sujet, il a écrit "Guy Môquet, une enfance fusillée", et a subi un choc quand il a entendu la parole du jeune homme dont il avait travaillé la biographie, utilisée, dévoyée, vulgarisée, détournée, à des fins politiciennes.

"Guy Môquet au Fouquet's" est présenté comme un pamphlet, mais s'élève au-dessus de ce seul objectif : il énonce sobrement, sans vindicte, par la force que donne la rigueur de l'analyse, les caractéristiques du pouvoir mis en place. Un président manager, héros de Closer et de Voici. Basse rappelle qu'il suffit de se promener du côté de Neuilly pour se faire une idée correcte de l'hypocrisie de Machin : pas une rue, pas une place, pas un parc ou une fontaine baptisé du nom du sacrifié, dont les mots servent surtout à pétrifier la contestation par l'émotion, la réflexion par le sentiment.

"Saviez-vous que c'est à grands coups de botte que les nazis ont plié le corps de Guy, dans un cercueil taillé à la hâte ? (...) Alors je vous ai bien observé, au bois de Boulogne. C'était immédiatement après la lecture de la lettre. J'ai vu cette petite larme, (...) ne demandant qu'à ruisseler, (...) devant les caméras de télévision. (...) J'ai vu le spectacle.Tout est devenu spectacle depuis quelque temps. (...) J'avoue : j'ai vacillé, un instant. Et puis j'ai compris. (...) Le patriotisme sans projet social ni générosité peut engendrer des conséquences assez désastreuses. Je ne doute pas que Charles Maurras, par exemple, fut patriote, à un moment de l'histoire où la bourgeoisie murmurait dans les salons : "Mieux vaut Hitler que le Front Populaire."(...) Aujourd'hui, les nuages que nous sommes quelques-uns à apercevoir reviennent sous des formes différentes, mais toujours aussi inquiétantes. Les nuages noirs s'accumulent au milieu des rires et des comédies musicales. Avez-vous remarqué que nous n'avons jamais eu tant d'occasions de rire et de frapper dans nos mains, ces derniers temps ? (...) Votre message a le mérite de la clarté : "J'accorde à l'amour de la patrie plus de valeur qu'au patriotisme de parti." L'historien Pierre Schill note avec justesse que, avec un tel message présidentiel, les lycéens sont tenus dans l'ignorance des origines. Si le patriotisme fournit un cadre moral de référence, il ne signifie pas une ligne de conduite unique : les collaborateurs ou les pétainistes l'étaient aussi par amour de la patrie".

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