Bon, pas moyen. Des heures que je tourne dans mon lit, autant me lever, écrire un peu, me recoucher quand les neurones me laisseront en paix, et tenter de dormir.
Nous étions à une conférence donnée par Marek Halter à propos de son dernier livre. De "Je me suis réveillé en colère", je ne dirai rien, ne l'ayant pas lu ; de la conférence, pas grand chose : l'ensemble était savoureux, mais j'attendais des sommets d'intelligence et de culture, tandis que j'ai seulement agréablement voyagé sur des reliefs à peine soulignés. C'était bien, pourtant. Mais je me demande si Halter n'a pas tellement l'habitude de se mettre à la portée de ce qu'il pense être le niveau général, qu'il n'ose trop élever le débat. Je me disais cela, quand sont arrivées les questions : "Ne trouvez-vous pas que le français se perd, la syntaxe, le vocabulaire, la prononciation?" (une blonde bougeoise, inconnue des rayons de la médiathèque où se déroulait la rencontre), et l'écrivain de devoir expliquer que le français est une langue vivante, qu'elle change, bouscule, transforme, que Rabelais aujourd'hui doit être traduit pour être lu, etc., autant de mises au point qu'il est presque embarrassant de faire. Question suivante : "Croyez-vous que les orientaux soient faits pour la démocratie ?", là, Marek Halter est nuancé, la rengaine de la démocratie occidentale comme modèle imparfait qu'on tente par la force d'imposer à des populations qui ne demandent qu'à conserver leurs bons vieux rois et dictateurs, parce que "c'est dans leur tradition" pointe son nez un moment. Je m'agace, mais je sens un murmure consentant dans la salle. Encore une question ?, une question d'un grand barbu habillé en bûcheron : "Le Coran n'est-il pas l'ennemi de la science, vu que les musulmans n'ont rien apporté au monde depuis mille ans ?"... Oui, je comprends pourquoi Marek Halter est obligé de s'exprimer de façon point trop pointue pour ê-tre com-pris par ses au-di-teurs. Il ne reviendra donc pas sur l'algèbre, les algorithmes, les chiffres, le zéro, la chimie, Averroès... Le barbu restera con, dommage...
Il s'est mis un moment à délirer sur le Louvre de Dubaï, le Louvre des sables, qui va, selon lui, permettre aux "petits arabes d'aller voir des tableaux de femmes nues", et là, on se dit qu'il se fait tard, que M. Halter est fatigué, et qu'il ferait mieux de se taire quand il ne connaît pas un sujet.
A part ça, quelques heures avant, j'avais passé un moment précieux avec lui, seul à seul, où nous avons parlé de la Bible. Là, il savait, et ce fut un régal.
Merde, toujours pas sommeil. je continue ? Oui, mais je colle ce que je vais écrire pour les autres jours, ça me fera de l'avance. Dans quelques heures, je me relève pour aller, avec ma douce, tapisser chez ma mère.
Je vous souhaite une meilleure nuit qu'à moi.
Commentaires
y a des ces cons j'vous jure!!! J'en rigole. Et dire qu'à une époque la barbe était un signe de sagesse...
Trop fort Léo. Ca fait tellement plaisir de lire ce genre de texte. Aaaahhh la douce saveur de lire des lignes qui percutent.
Ca me fait penser par contre que je n'ai toujours lu aucun de tes romans. (glup.. mais y sont pas dispo chez Lauxerois ? "je me suis réveillé pourtant en colère hier matin !")
Au fait, l'atelier Slam ? qu'en as tu pensé ?
Magnifique, simplement (enfin, simplement...). Les deux slameurs "pro" ont fait une superbe démonstration de la force de leur verbe. le jeu de mots comme arme de jet. J'ai vraiment aimé. Et parmi les enfants de l'atelier, il y en a eu un particulièrement génial. Ce fut une belle soirée, dommage que mon insomnie précédente ne m'aie pas permis de prolonger jusqu'à minuit.