Difficile de déterminer quel atavisme prévaut dans la construction de notre propre psychologie et des choix qu'elle engendre. J'explique. Je considère souvent les actes, les arts, les grandes questions de l'existence, à l'aune de temps immémoriaux, dans une fourchette de cinq à cinquante mille ans. Ma première préoccupation est de comprendre si cette disposition à ne voir la vie que comme une agitation dérisoire au regard de l'éternité est originelle et m'a inspiré mon amour pour la préhistoire et les vastes échelles géologiques, ou si ma précoce fréquentation de sites préhistoriques, de terrains renfermant des fossiles, m'a apporté cette distanciation millénaire. Je ne peux pas répondre, d'où l'intérêt de la question. Seules les questions des civilisations demeurent, leurs réponses sont effacées (ne vous emballez pas sur cette dernière phrase -si vous l'avez lue- elle est absolument inintelligente, n'a aucun sens, bien qu'elle semble en avoir, c'est mon côté Christian-Bobin-pour-rire).
Quoi qu'il en soit, en prenant pour mesure de telles ères temporelles, la plupart des actes des hommes semblent vains, l'art n'en parlons pas (bon ou mauvais, avant-gardiste ou suiviste, deux-mille saisons qui passent mettent tout le monde à égalité), et finalement, à la réflexion, la seule entreprise qui signe la réussite des hommes à travers le temps, c'est leur procréation.
Commentaires
Ou encore "au fond, nous sommes bel et bien des animaux : nous proliférons simplement"
Sinon : "Je ne peux pas répondre, d'où l'intérêt de la question." fais gaffe ça frôle Van Damme :)
Après m'être moi-même bcp interrogée sur la question, au cours de ma courte existence, entre divans des psy et bavardages amicaux, j'en suis arrivée à la même conclusion que toi. Nous sommes tels que la nature nous a créés il y a des milliers d'années. Malgré la culture, la civilisation, la religion, l'art, et tous le reste, nos actes, nos désirs et nos névroses vont tous dans cette direction me semble-t-il.
Au début, cela m'attristait de me dire que nous agissons comme de vulgaires mammifères. C'est dégradant, quelque part, pour des êtres pensants. Et puis non, finalement. La nature fait bien les choses et nous ramène à ce qui est simple et bon. Tout est bien dans le meilleur des mondes possible.
J'entendais la procréation comme seule chose tangible et permanente parmi les gesticulations humaines. Ce qui, selon moi, n'est pas une dénégation de la culture ou de la civilisation (si tant est que ces mots ont un sens), mais une relativisation de leur pérennité. Bref, nous ne sommes tout de même pas loin des mêmes conclusions, je nuance par plaisir pervers.
J'avais ajouté: ben, on est d'accord donc!
(mais un brin de perversité ne fait jamais de mal! ^^)
Bah, en gros vous effacez tous les deux l'œuvre de l'Humanité devant l'échelle du temps, ce qui reste assez probe finalement. L'autre (pas l'autre, un autre) disait bien que nous ne sommes qu'un pet cosmique.
Donc ouais on peut dire ça.
Ceci dit, nous ne le pensons que parce qu'on a fait "tout ce chemin", ce fameux chemin qui paraît si petit face à celui de la Terre, et si grand face à celui d'une période de radiation correspondant à la transition entre les niveaux hyperfins F=3 et F=4 de l'état fondamental 6S½ de l'atome de césium 133.
Et finalement, le simple fait même de le penser nous a pris un temps bien supérieur à la-dite période.
Quitte à se livrer à ces exercices de remise à l'échelle de l'univers, vous êtes vous déjà plongé dans infiniment petit, l'infiniment court ?
Dans l'infiniment grand, on trouve une grande leçon d'humilité (voire de nihilisme) qui nous amène à nous dire l'énormité "finalement, c'est très peu de chose une vie". Sous-entendu que symboliquement, on trouve des concepts simples à l'issue d'une projection à des échelles qui nous dépassent, on trouve un point de vue inhumain (bah oui, c'est pas notre point de vue, ni notre échelle, ni notre portée, alors c'est pas humain), et dans notre habitude que je trouve récente à nous mésestimer et à déprimer sur notre sort, ça nous conforte de nous dire "bah on n'est rien, sinon pas grand chose". Et on le sait un peu avant de le découvrir.
Mais qu'est-ce qu'on trouverait comme conclusion/leçon de morale/concept si on se mesurait à l'infiniment court/petit ?
Pas bête. J'y réfléchis. Quant à croire que "se mésestimer" (en fait, relativiser l'activité humaine)est récent, ce que tu te goures, ce que tu te goures...
"Vanité des vanités, tout est vanité", etc. : L'Ecclésiaste, dans la Bible. Probablement écrit il y a bien 3000 ans. Le meilleur livre dans le Livre, que je me relis régulièrement et qui a, sans doute, influencé durablement ma philosophie de la vie.
Je faisais maladroitement référence à la tendance actuelle de pointer la "nouvelle grande maladie" de l'Homme : la dépression.
Y'a une maladie à la mode tous les vingt ans. Cette fois c'est la dépression.
Bon c'est tout de même remarquable qu'on se fouettait l'âme de la pseudo vanité de tout y'a trois millénaires.
Sur le plongeon dans l'infiniment petit : moi je me retrouve à me concevoir comme une pièce montée dégringolante de molécules. C'est suprenant de se dire qu'à chaque contact, on se rappe de la peau des doigts une bonne centaine de molécules qui se perdent sur la table (ou le clavier ne l'occurence).
De la même manière, je glousse à chaque fois qu'on dit aux gens "rendez-vous compte ! à chaque fois que vous toussez vous relachez dans l'air des millions de bactéries !!"
Et alors grognasse ? Quand je sers la main (propre) d'un ami avec la mienne (propre) nous échangeons 100-400 mille microbes et autres saloperies. La propreté c'est quand on stagne sous la barre du millions de toxines en devenir échangées par contact.
Dès qu'on sèche sa peau après la douche, on est à nouveau crade. Moins qu'avant, mais si on se coupe, ça s'infectera. L'air est blindé de saloperies, et on essaie de faire croire aux gens que c'est en prenant UNE douche par jour qu'ils seront débarrassé de la saleté.
Haha ! si y'a bien une vanité, c'est de chercher "l'hygiène" absolue au quotidien.
Enfin bref, je divague (un peu comme d'hab)