Michel Onfray illustre la force des micro-résistances par le principe de Gulliver, c'est -à-dire qu'un lilliputien ne peut rien, tout seul, contre le géant (comprenez l'ultralibéralisme), mais des milliers de lilliputiens, tenant chacun un lien, réussissent à l'immobiliser -ensuite, les négociations peuvent commencer, au moins. Dans une magnifique magnifique magnifique BD de Deschamps et Auclair, racontant l'histoire de la ville d'Ys : Bran Ruz, le même principe était imagé par la parabole de la pierre sur le chemin : "Vous n'êtes déjà plus seuls ! Et lorsque vous sentirez venir le doute et le découragement, regardez seulement les pierres du chemin. D'habitude, elles courbent peureusement le dos sous la roue de la charrette, et pourtant une seule, relevant la tête, suffit à endommager la maudite roue de cette maudite charrette, parfois même à la briser... Alors, dix, cent, mille, des milliers de pierres relevant la tête..." La sagesse populaire a choisi une autre image : "les petits ruisseaux font de grandes rivières". Ne croyons pas que nous ne pouvons rien faire, à notre échelle, pour améliorer le monde. Le pouvoir, c'est nous qui l'avons.
Des exemples ? Philippe Caza (oui, le dessinateur de BD), régulièrement et souvent avec humour, envoie depuis des années, sous forme de lettre ouverte adressée par courriel à ses contacts, de multiples éléments de réflexion sur l'écologie, des revues de presse, des liens sur des sites pointus. Il oeuvre pour constituer un réseau pensant autrement. Dans ma petite ville, il y a 3 ou 4 mois, s'est ouvert un "café associatif" entrepote, versé dans le réseau solidaire, et dont les adhérents ont des tarifs privilégiés sur des produits bio locaux (réseau sans lequel les agriculteurs bio ne survivraient pas ou mal). Autre exemple, dont j'étudie l'acuité de regard en ce moment-même, la revue et le site l'âge de faire, multiplient les conseils, font le point des initiatives, analysent et dissèquent les attitudes politiques des uns et des autres, bref, font oeuvre citoyenne aussi.
On pourra penser que tout ça n'est pas exempt de naïveté, mais cette forme d'écologie militante a finalement toujours été en avance, a seulement eu le tort d'avoir raison trop tôt. Les oreilles de Gulliver étaient trop éloignées de la voix des lilliputiens qui lui criaient d'arrêter de massacrer tout ce qui l'entourait, que ça finirait mal.
Selon moi (ceux qui me connaissent savent mon désenchantement), il est déjà trop tard. le point de non-retour est dépassé. Ce qui n'empêche que, pour l'honneur, il faut se battre.
"Que dites-vous, c'est inutile ? Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès ! Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile." je ne mets pas la référence, j'espère que vous avez reconnu.
Commentaires
De manière plus littéraire, le nouvel attila (http://www.lenouvelattila.net) travaille de la même façon : remettre au goût du jour ceux qui ont été ignorer et qui sont pourtant à dévorer.
J'aime, donc je fais partager :-)
Je suis partie voir ce que tu as poster manu... bof pas tellement interessant.......
Après on aime ou on aime pas, il n'empêche que leur façon de faire et leurs trouvailles sont souvent très bonnes...
Et ils ont le mérite de le faire. Voir le prix nocturna également.
Le point de non-retour est atteint pour retrouver "la belle époque". Le point de non-retour n'est jamais atteint pour freiner la chute libre.
Oui, nous avons définitivement perdu quelque chose. Non, nous n'avons pas tout perdu, et ce n'est en rien vain voire inutile de stabiliser la situation.
Le pire, c'est qu'en disant ça, ça va faire débander les militants et ceux qui font bouger les choses. Ironie, ironie...
> Manu : ton lien ne marche pas. De plus, je ne suis pas certain de sa relation avec le sujet de mon billet. Non ?
CXZ> Meuh nooon. Le désespoir n'entraîne pas forcément le renoncement. Même moi, ce que je pense, ne m'empêche pas de lutter à mon niveau. Relis la dernière phrase.