Interlude. Parlons d'autre chose, aujourd'hui, si vous le voulez bien. L'actualité boursière me rappelle une entrevue avec la dame qui, un temps, s'est occupé de mon compte. A cette époque, il se trouve que j'eus subitement un peu d'argent de côté, et que je m'interrogeais sur une façon morale de le faire fructifier. Le mettre de côté, comme dit un ami, pour en avoir devant soi, ce qui est un joli paradoxe.
Et voilà ma banquière, toute gestuelle parfumée en action, qui sort la panoplie de ses meilleurs produits, ceux qui "rapportent un max", quoi. Des actions en veux-tu en voilà, de la spéculation dont on a pas à se soucier, puisque confiée à des professionnels, qui se salissent les mains pour vous. Des rendements mirifiques. Et je refuse. Etonnement, que dis-je, pétrification de ma conseillère : "Il faut penser à vos enfants, faire fructifier cet argent pour eux." Holà. J'explique à la dame, bouleversée par un tel manque de discernement : "Ce que vous me proposez, c'est d'entrer dans cette spirale de rentabilité absurde, qui fait de la liquidation d'une entreprise qui marche bien, une opération plus rentable que de recueillir les fruits de sa production, aussi modeste soit-elle. Vous me demandez de participer au jeu dangereux de conseils d'administration avides, jamais satisfaits d'un rendement normal, mais à l'affût de pourcentages indécents. Vous me demandez d'apporter mon soutien à un mode économique qui a réduit cette agence de la moitié de son personnel. Oui, madame, je pense à mes enfants. Et c'est pour cela que je ne veux pas de ce genre de produits." On a donc tout mis sur un PEL, je crois. En attendant de trouver une banque solidaire pas trop loin de chez moi.
Les placements mirifiques de ma brave banquière, aujourd'hui, doivent ressembler à des carnes faméliques. J'aimerai bien la croiser pour lui demander, cruellement, comment vont ses enfants.
Commentaires
... si seulement la cruauté amenait à quelque chose :)