C’était l’été. Nous étions en Ardèche.
L’écriture du Baiser avait commencé un peu plus tôt. Tandis que j’achevais celle du roman précédent, je commençais à jeter les bases du suivant. Une méthode que j’utilise toujours, et qui me permet d’enchaîner roman sur roman, sans coupure. Méthode qui explique peut-être que j’écris chaque histoire, comme une réaction à la précédente. Je venais d’achever un livre facile pour moi, à l’écriture fluide, une histoire nu peu délirante, un vrai plaisir. J’avais envie de me confronter à un thème difficile, et de me lancer un défi littéraire. Le sujet du Baiser est dans la veine d’autres de mes livres, et explore par exemple la fascination des systèmes totalitaires, la séduction des dictateurs, mais surtout : comment les fascismes forment le milieu idéal où vivent et prospèrent les crapules. Pour raconter cette histoire terrible et noire, je voulais une syntaxe particulière, un effet d’étouffement, des phrases longues qui engluent. J’ai fait de nombreux essais d’amorce, écrit des pages de longues phrases, pas toujours en rapport avec le sujet d’ailleurs, pour obtenir la « musique » souhaitée. J’ai cherché ainsi tant que mon roman en cours n’était pas terminé. Enfin, je me suis lancé. Un peu plus tard, c’était les vacances, et j’étais avec N., ma compagne de l’époque, en vacances dans un ancien couvent, au fond des terres ardéchoises, au calme.
N. m’avait prêté son portable. Le soir ou le matin, avant ou après une promenade, tandis qu’elle lisait ou s’alanguissait sous un figuier, j’écrivais. Comment ce récit brutal, excessivement noir, désespéré, a pu trouver sa forme presque définitive dans un environnement aussi paisible, auprès d’une femme attentive et rieuse, n’est pas si mystérieux, mais confirme que la littérature est un artifice.
Commentaires
Comme l'a dit Oslo, on suit cette histoire comme un de tes romans, avec avidité et impatience.
Merci. Un peu écrit mastock à mn goût (je fais ça vite et presque sans relecture), mais bon...
Je ne lirai la suite (et fin) que d'ici deux semaines, nous partons demain voir Jack Sparrow. Bises.
Bon vent, matelots ! Approchez quelque sirène, contestez quelque orage, volez sur d'immenses vagues, soyez joyeux nourris de merveilles. Je vous embrasse.