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Tout premier roman

J’étais un gamin bizarre, moitié barbare, moitié bonze, lecteur de Hugo et de Rahan. J’avais quoi, douze - treize ans ? Des histoires me sortaient des mains à jets continus et se répandaient sur le papier dans une logorrhée inextinguible sous la forme de grands poèmes en alexandrins (coucou « la légende des siècles ») ou de bande-dessinées (influences trop nombreuses pour les résumer là). En été, mon père lisait le soir ma production écrite ou dessinée de la journée. Je l’entendais rire à travers la paroi de la chambre. Ma mère lisait volontiers mes petits machins, elle aussi. Tous les deux n’ont jamais eu besoin de m’encourager : produire des histoires était dans ma nature. Vers cet âge, j’ai voulu écrire un roman d’aventures. Une histoire de Yéti, qui venait enquiquiner des alpinistes, pourtant pas méchants. L’histoire se passait sur le Kilimandjaro, et j’avançais bravement dans l’intrigue, quand je me suis inquiété de vérifier quelques informations -sur le Kilimandjaro d’une part, et sur le yéti d’autre part. Je découvre alors que le yéti hante l’Himalaya, qui n’est pas du tout situé en Afrique. Qu’à cela ne tienne : mon yéti prend une belle couleur verte, et devient une espèce endémique au Kenya, et allez me prouver le contraire. Je suis arrivé au bout du récit en une grosse journée (nous sommes d’accord, c’était une nouvelle, mais à mon âge, l’effet de ces dizaines de feuilles noircies…). Et j’ai enchaîné sur une nouvelle aventure de mes héros, intitulée « la mer bouillante » (je sais, je sais) dans laquelle un équipage façon Cousteau part étudier de formidables phénomènes volcaniques. Quand mon père arriva au passage où la coque de métal du bateau se met à fondre à cause de l’activité volcanique sous-marine, il se permit de me dire que c’était tout de même un peu dur à avaler. Après réflexion, j’admis qu’il avait raison. Et je dus reprendre un long passage, le rendant nettement moins spectaculaire. La mer se contentait soudain de faire des grosses bulles, et soulevait des quantités de poissons morts à la surface.

Maintenant, je me renseigne avant d’écrire. Plus jeune tu commenceras, plus tôt tu apprendras.

 

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